mardi 10 juillet 2012

Ti pitou-piteux

J’ai dit à Jo qu’on avait le coeur trop fragile pour continuer à vivre en Haïti. En tout cas, dans une Haïti où la mort côtoie intimement la vie, d’aussi près que l’opulence vulgaire côtoie l’indigence extrême. Le réveil du lundi matin s’est fait au son des pleurs d’un chiot qui errait dans le voisinage. Ayiti reste une terre de chiens errants où la loi du plus fort régule la vie, meute ou pas, roues de 4X4 ou pas. J'étais sorti sur la terrasse voir le petit qui tournoyait dans la rue avant qu’on ne le perde des yeux et des oreilles. On avait oublié son existence jusqu'à ce matin en quittant pour le travail, on a vu notre ti-pitou écrasé, grelotant dans la fond d’une petite rigole. Impossible de le laisser là même si on ne sait pas vraiment qu’en faire. Jusqu’à aujourd’hui, avoir un chien n’a jamais fait parti de notre plan de vie. « On le sauve et après on verra ! » me dit l’enthousiaste Jo. "On le sauve !!!" lui répondis-je... On sort du 4X4, fait une place au ti-pitou et retourne vers la maison. Prépare un bol d’eau et des restants d’un poulet rôti. Le chien qui n’a pas d’autre énergie vitale que celle de greloter arrive à boire un peu d’eau sans toutefois être en mesure de toucher à la viande. On donne nos recommandations à Claudette et retournons vers le bureau. Ce midi, je téléphone à Claudette pour voir comment se comporte notre nouveau colocataire. Au plan alimentaire, les choses semblent aller, l’assiette de poulet est propre… le hic vient du fait que le chien ne se porte pas sur l’une de ses pattes arrière. Avant d’enter à la maison ce soir, on a acheté ce qu’il faut pour le nourrir et lui enlever les poux et les puces que son petit corps transportait. Même après le bain, j’imagine qu’il compte encore quelques amis, on refera le travail demain. Une de ses pattes semble effectivement mal en point, mais selon mon œil de vétérinaire patenté, il devrait s’en sortir. Le jeune gaillard ne pette pas la forme, mais a au moins il a de l’appétit, c’est le début de la vie ! On sent surtout une espèce de frayeur dans ses yeux et malgré nos bons soins, il n’a pas encore l’intention de nous porter sa confiance. La bonne nouvelle dans l’affaire est que Jo a déjà trouvé une mère adoptive pour lui. Quelques jours à lui redonner le goût à la vie et après, j’imagine que dans quelques semaines il ira cruiser les petites voisines.

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