jeudi 12 juillet 2012

Lutter contre l'impuissance

Quelques fois, des parallèles émergent de la lecture des journaux haïtiens et québécois. Je pense entre autres à cet homme au Qc qui vient de tuer ses deux enfants avant de s’enlever la vie. C’est fou comment la politesse ne nous sert pas toujours. Imaginez qu’il ait été moindrement égoïste, il aurait commencé par lui-même et… Le bonhomme écrit sur sa page Facebook qu’il en est arrivé à la conclusion que la société ne lui offrirait jamais de vraie justice et que dans ce contexte, il avait tiré la conclusion qu’il devait se la donner lui-même. Je suis certain qu’il y a quelques milliers d’énervés qui voudraient également se donner une ‘vraie’ justice dans le dossier du cardiologue filicide. Merci de ne pas annoncer la date et l’heure de sa libération. Souvenons nous aussi de la sortie ‘accompagnée’ des mohawks de d’Oka au moment de la crise du golf. Disons qu’on ne faisait pas dans la dentelle. Le parallèle avec ce qui se passe en Haïti concerne le lynchage récent de trois petits voyous, des voleurs de motos. Je suis en Haïti depuis plus de trois ans et ces histoires de lynchage reviennent régulièrement dans l’actualité. Plus souvent les victimes sont des criminels ‘reconnus’ par le voisinage, mais il est arrivé que la victime ait été ciblée pour des raisons mystico-religieuses. On a vu ce genre d’histoire au moment du choléra où des personnes ont été bâtonnées par les voisins après avoir été accusées d’être les vecteurs mystiques par lesquels la bibitte s’est installée dans le village. Dans les derniers jours au Pakistan, une personne (déficiente intellectuelle selon certains médias) a été lynchée après avoir profané le Coran. Dans le cas des criminels lynchés, il y a toujours cette même analyse du sentiment d’impuissance face à la justice. Je me souviens d’un policier québécois qui me racontait une histoire horrible (photos à l’appui) d’un bonhomme assassiné par ses voisins. Le gars en question tabassait régulièrement sa femme malgré des plaintes aux autorités et quelques tentatives musclées des voisins de l’apaiser. Un matin, ces mêmes voisins ont découvert la femme morte et des fils se sont touchés dans le cerveau exaspérés de quelques-uns. Le batteur de femme n’a jamais eu la chance de recommencer ni de croupir dans l’une de ces belles prisons haïtiennes. Je pense à la faiblesse de la justice haïtienne, tant au plan de la forme que de l’esprit, en me disant que ça devrait une priorité, la priorité. Je me souviens d’avoir écrit à peu près la même chose au sujet de l’éducation et de l’environnement pour comprendre que je tourne en rond. En fait, la priorité devrait être de lutter contre l’impuissance. Ça ne veut encore rien dire de très précis, mais j’aime la formule !

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