mercredi 23 mai 2012

Pauvre vie de coq

Je viens de traverser le pays assis dans un 4X4 confortable … qui roule sur une route tout à fait inconfortable. De PAP à Port-de-Paix, c’est une trentaine de minutes d’avion ou 6 heures de machine. Bad luck, il n’y avait plus de place sur l’oiseau volant de Tortugair. J’ai donc été forcé d’échanger ma peur de mourir en avion pour ma déception de perdre presque une journée complète à me faire brasser (la moitié du trajet). À me faire brasser sur une route qui n’a la qualité de route que par le fait qu’elle permet à une machine de se rendre d’un point A à un point B. Pour le reste, ce n’est pas tut à fait une route. Ok, j’ai vu du pays, un coin que je ne connaissais pas en plus. Je venais en fait de compléter mon tour des 10 départements du pays. Je ne peux même pas en dire autant de mon pays … Arrivé à mon chic hôtel de Port-de-Paix, la clameur d’une foule proche m’a interpelé. Un gagè, encore une première (je parle d’un vrai gagè organisé). Les batailles de coq organisées dans une vraie petite arène, plein d'hommes autour qui gagent, qui crient et surtout, qui propulsent des tics vocaux et moteurs à faire peur. Mon voisin se mangeait frénétiquement les doigts dans un rythme défini par les sauts et attaques d’un des deux gladiateurs. Pauvres gladiateurs. Outre l’intérêt anthropologique de participer à cette activité, il y a … bof, un peu d'incrédulité. Cruel vous pensez ? Les coqs finissent effectivement leur spectacle en mauvais état, passablement déplumés. Mon anthropomorphisme primaire m’amenait à imaginer ces deux coqs en train d'échanger : « À quel cirque on participe là ? On se bat pourquoi en fait ? Il n’y a même pas de poules !! Pourquoi ces gens crient comme ça autour nous ? C'est fou !!! Pauvre vie de coq… »

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