jeudi 29 mars 2012

Sortez les guirlandes

On souligne aujourd’hui les 25 ans de la constitution. Celle qui a été définie par les haïtiens dans les mois qui ont suivi le départ du fils dictateur. On devrait voir quelques manifestations annoncées comme pacifiques afin que la lettre et l’esprit de cette constitution soient respectées. D’ex-militaires viendront répéter que l’armée est une des constituantes définie dans la constitution et qu’à ce titre, elle n’est pas respectée. D’autres viendront demander des logements alors que la loi mère garantit le logement. Même chose pour la santé ou l’éducation. On pourrait même voir des parlementaires manifester pour demander au président de respecter le principes de séparation des pouvoirs inscrits dans la constitution. À la fin, peut-être entendrons-nous Martelly répéter que cette constitution mène dans un autre culs de sac, elle aurait créé une dictature inefficace des parlementaires afin d’éviter celle tout aussi inefficace d’un président. Lors du colloque de la semaine dernière – qui portait sur la décentralisation des services de santé –, la constitution a fait l’objet de trois conférences. Tout ce qu’il y a d’intellectuels dans ce pays s’entend pour dire que le papier est théoriquement approprié et n’empêcherait en rien la modernisation du pays (sauf pour certains aspects dont la nationalité multiple), mais que le bas blessait au moment où on la manipule. Quand les humains la manipulent. L’anthropologie 101 que je pratique à l’occasion m’amène à penser à cette dimension fondamentale de la culture nationale qui est la fuite, l’insaisissabilité. Comment un cadre, qui par définition structure et donc contraint, peut être mis en application ? Je pense aussi à une autre dimension fondamentale de la culture nationale, c’est cette ‘immatérialité tangible’, une immatérialité qui porte des résultats concrets dans la vie de tous les jours. Je fais référence à cette capacité des haïtiens à marquer le quotidien de choses qui positivement (positivisme) n’existent pas. Le dollar haïtien est une illustration intéressante de cette faculté. Sur Alter Presse aujourd’hui, on parle d’une constitution ‘foulée aux pieds’ depuis 25 ans. Une constitution qui concrètement n’existe pas, mais qui continue à servir de munitions à cette stagnation nationale. Asefi me disait à la blague ce matin : « Sortez les guirlandes pour la fête du petit. Il est né il y a 25 ans, mais n’existe toujours pas ! »

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