samedi 31 décembre 2011

Je vous souhaite la fin d'un monde !

Bonne année 2012. Que la prochaine ne soit pas la dernière, ils sont plusieurs à nous annoncer la fin du monde pour 2012. On ne semble pas s’entendre sur la date, mais la marge d’erreur de chacune de ces prédictions nous plaçait la fin dans les 12 prochains mois. Quant à moi, je vous souhaite la fin d’un monde. À vous de choisir lequel !

Clichés

Encore une brume importante sur la baie de San Francisco ce matin. À l’inverse d’hier toutefois, elle ne s’est pas dissipée de toute la journée. Difficile de passer dans cette ville sans enregistrer quelques photos de ces ponts (ce n’est pas la Golden Gate) pris dans la brume. Faire des clichés des clichés… J’ai aussi plein de photos de tramway itou, ce sera pour une prochaine fois !

vendredi 30 décembre 2011

La brume

Ce matin, la baie de San Francisco a baigné dans une brume épaisse jusque vers 11h00. Le temps était ‘cru’ comme on dit au Québec pour décrire un petit froid qui profite de l’humidité pour se frayer un espace entre les couches de linge. C’était cru. On passe probablement trop temps en Haïti à côtoyer une pauvreté extrême et généralisée pour arriver à bien saisir que dans cette brume opaque qui limite notre capacité de décerner les nuances, certains sont vraiment sur la touche. Hors de tout circuits économiques ou solidaires, aussi faibles soient-ils. Dans les grandes villes américaines que l’on visite (comme à Montréal), ces exclus nous sautent au visage. On les voit partout, trainant tout ce qu’ils peuvent trainer en plus de leurs dépendances et leur souffrance. Ces exclus plus facilement perceptibles qu’en Haïti, même la brume n’arrive pas à les cacher.

jeudi 29 décembre 2011

Le poète


Dans les rues de San Francisco,  il y a ce gars à qui l’on donne un eu d’argent et qui vous rédige un poème en direct. J’ai toujours rêvé d’écrire des poèmes, sans vraiment savoir pourquoi ! « Les femmes aiment les poèmes » me disait un ami. « Aiment-t-elles pour autant les poètes ? » était toujours ma réponse. On n’a jamais réussi à fermer ce débat même après plusieurs bières … Les parlementaires et le président haïtiens sont pris avec le même problème au sujet de la constitution. Comme un poème peut l’être, la constitution haïtienne est polysémique. On attendait donc voir comment le dossier de la constitution modifiée (par l’ancien gouvernement) quelques heures avant l’assermentation du nouveau président au printemps dernier, allait atterrir dans ce nouveau contexte politique. On parlait ‘d’erreurs matérielles’ pour tenter de donner un sens à une version qui ne ressemblait pas à ce que les politiciens avaient votée quelques heures avant. Qu’a-t-on modifié et dans l’intérêt de qui ? Je vous laisse en débattre parce que pour moi, c’est comme la poésie.  La nouvelle constitution n’est pas encore officiellement publiée malgré les annonces de diffusion des derniers jours, qu’elle fait déjà l’objet d’objections de parlementaires importants. On devrait donner le contrat au poète de San Francisco. Rapido, il produirait un texte sur lequel tout le monde pourrait passer des heures à discuter. Au moins, on aurait un texte.

mardi 27 décembre 2011

Abondance

C’est le mot que Jo a expulsé de son cœur hier lorsque nous nous promenions (encore une fois, je le sais !!) dans une épicerie. Le genre de grande épicerie où les américains sont capables de nous offrir du meilleur. Les produits bio avec tout le tralala altermondialiste et la consommation responsable. L’abondance responsable. Je pensais à Martelly qui joue au Père Noël depuis quelques jours en Ayiti. Un commentateur anonyme (ou une, on ne sait jamais !) de mon blogue y fait référence dans ces commentaires des derniers jours. Le président fait donc le tour du pays en distribuant des enveloppes (100 ou 200 gourdes, ce n’est pas clair), des motos, des voitures, … À Port-au-Prince un peu avant le 25, une dame qui a hérité d’une moto lui a crié qu’elle n’avait rien à foutre d’une moto, c’est d’une maison qu’elle a besoin. Toujours à PAP, il aurait fait monté (je ne l’ai pas vu, des chauffeurs du projet en parlaient) des gens sur une scène pour les faire chanter. Un espèce de X-Factor où le président décide qui gagnera une voiture. Je tente toujours de garder une distance dans mes commentaires sur Ayiti, mais mon ami Cetout a nettement moins de retenue
- J’avoue que ces dernières manifestations présidentielles me puent au nez !!!
- Wow !!
- Tu vas trouver sur youtube des images où l’on voit Duvalier circuler en voiture et laisser tomber de l’argent par les fenêtres. Des haïtiens démunis courent derrière la bagnole pour ramasser ce que leur bon président a gentiment accepté de leur donner. On déclarait des blessés et des morts dans ce genre d’aventure, les voitures du convoie qui suivaient celle du président …
- Je devine.
- Il y a donc ce président qui fera des cadeaux à 5, 10, 20 ou 25 000 personnes dans la période de Noël et qui recommencera probablement l’année prochaine tant il arrive à en tirer une juteuse popularité. Le bon président qui fait des cadeaux au pauvres gens. C’est la différence entre une charité (scabreuse) et des politiques solidaires.
- On ne parle pas de chose d’une même envergure.
- Je comprends bien qu’en terme de dépenses, la comparaison est impossible. Mais en termes de vision politique, l’écart est incommensurable. En fait, on a une présidence, parce qu’il y a lui et ses conseillers dans ce genre de galère, qui inscrit une nouvelle fois le bon peuple dans la sphère de la mendicité alors que le président a la capacité de donner. C’est simplement indécent de voir ce président riche se pavaner devant ‘sa’ population pauvre. En passant, est-ce qu’on sait d’où vient cet argent qui a été distribué depuis quelques jours ?
- Je n’en sais trop rien !
- Il est là le problème. On a un président qui agit comme un roi qui décide arbitrairement de donner à ses bons sujets sans trop nous raconter comment l’exercice a été financé (donc budgétisé) et dans quelle visée politique il l’inscrit.

lundi 26 décembre 2011

La pause

Deux jours à se promener dans cette ville calme. Calme dans la mesure où je peux comparer avec la frénésie de Noël dans le centre-ville de Montréal et à Manhattan. Le calme nous va très bien, on avait vraiment besoin d'une pause, les dernières semaines ont été intenses et grippées. La première journée s’est donc principalement perdue à errer dans un marché du port (le Ferry Building Marketplace) où c’est la fête de la bouffe. C’est le genre de perte de temps qui nous manque à PAP ! On a pu faire ce qu’il fallait d’emplettes pour concocter un souper de Noël intime. On en profite pour découvrir le vin californien, généralement bien assis dans nos habitudes françaises, espagnoles, italiennes ou portugaises en la matière. Aujourd’hui, on s’est encore usé les jambes dans le quartier chinois. C’est comme pour Montréal, c’est le coin où aller le 25 décembre pour voir un peu d’activité alors que le reste du monde a arrêté de se consommer pour une journée. Je lisais des articles de journaux ce matin où le Pape rappelait à ceux qui veulent bien l’écouter que consumérisme et Noël étaient maintenant devenus trop fortement synonymes. Je pensais à cette du Pape en circulant dans le centre-ville de San Francisco où on pouvait lire une affiche dans une vitrine de chez Macy’s qui invitait les clients au fameux ‘boxing day’ dès 7h00 du mat !! 7h00 du matin pour profiter des spéciaux d’après Noël. La pause aura été courte.

vendredi 23 décembre 2011

On s'écrit bientôt

Pour faire le pont avec la nouvelle année, on va aller voisiner le Golden Gate. San Francisco nous attend donc pour une dizaine de jours. Comme lorsqu'on met les pieds dans une autre ville, on ne sera motivé que par les longues promenades sans trop d'objectifs précis et sans carte. Au gré des vents et des arômes... On devrait aussi en profiter pour manger beaucoup, beaucoup dans le sens 'diversifié'. Si la nourriture haïtienne vaut le détour, elle ne se remarque pas par sa diversité. Sans compter que Port-au-Prince n'est pas une capitale gastronomique. Des restaurants où l'assiette est beaucoup trop dispendieuse pour la qualité et l'originalité qu'on y trouve. On devrait aussi verser dans les vins californiens, uniquement question de se développer de nouvelles connaissance, bien évidement... On prend un vol plus tard ce midi et on atterri quelques heures 'avant' à San Francisco. Si vous avez des bonnes adresses, n'hésitez pas à nous les faire suivre. On s'écrit bientôt.

jeudi 22 décembre 2011

Enfin

Et ceux qui disent qui ne se passent rien !! Les langues sales !! Sérieusement, la critique est une maladie contagieuse pour les observateurs de la scène haïtienne. À ce petit jeu, les haïtiens ne sont pas moins virulents que les blancs. On a quand même vu des changements significatifs dans les dernières semaines. Rien de vraiment spectaculaire ou fondamental, mais qui au plan de la perception marque un changement de ton. Le parc de la Place Saint-Pierre a enfin été complètement libéré de ses tentes. Ça fait déjà quelques semaines, mais depuis deux jours, la grande nouvelle, est que le citadin s’est un peu plus rapproprié l’espace. On y a organisé une foire où les artisans viennent vendent leurs produits pour Noël. À des prix en plus, les marchands d’artisanat pour étrangers sont sûrement un peu gênés… La même crèche vendue dans une galerie pour deux fois le prix ! Il faut dire que la foire vise les haïtiens. On a donc étiré l’heure du dîner pour aller y fouiner. Un vrai petit plaisir de suer à grosse goûte entre les artisans pendant que la musique de Noël adaptée au rythme du kompa fait danser les haïtiens. Comme ces écoliers venus perdre leur temps après la classe, ou pendant peut-être.

mardi 20 décembre 2011

Troublant

J'écris dans mes temps libres et depuis quelques jours, je n'ai pas eu de temps libre. Moins, du moins. Même pas le temps de lire les nouvelles, d'ici ou d'ailleurs. J'ai toutefois un peu sursauté en lisant quelques dépêches d'Haïti Libre qui nous informe que les éfendis sant de l'École de droit des Gonaïves ont choisi Duvalier comme parrain de promotion. L'ex dictateur en a profité pour observer lors de son discours une minute de silence à la mémoire de trois jeunes assassinés (par son régime !!!) et qui a sonné le début de la fin de son règne à vie. Ils ne sont pas beaucoup à s'énerver de cette décision des étudiants ni du discours de Duvalier. Dans mon petit Ford intérieur (dixit Jean Dion), j'avoue avoir eu un petit haut-le-cœur doublé d'une petite incrédulité en apprenant cette nouvelle. Quand même, que des étudiants en droit choisissent un personnage politique qui est actuellement sous enquête pour crime contre l'humanité, on ne me fera jamais avaler l'idée que c'est anodin ou encore d'aucune portée politico-intellectuelle. Quels messages ces jeunes juristes sont-ils en train de lancer ? Comment sont-ils représentatifs d'une génération 'politique' ? On se donne le temps de voir, mais c'est troublant. Tout aussi troublant que la non-réaction que cette information a provoqué...

samedi 17 décembre 2011

Une poupée

Fête de Noël ce soir dans la cour du bureau. Les employés et les partenaires du projet ont amené leurs enfants. Une quarantaine de personnes qui dansent ou jouent au ballon. Une blanche à sur les genoux une jeune haïtienne de 8 ans ou à peu près qui lui demande : "Toi, tu rêves à quoi pour Noël ?" Dans sa grande sagesse internationaliste, la blanche répond qu'elle souhaite que tous les enfants soient heureux, qu'ils puissent avoir la chance de s'épanouir pleinement. La jeune haïtienne de répondre : "Moi, je rêve surtout d'avoir une belle poupée..."

vendredi 16 décembre 2011

Enchaînés


Hier soir, nous sommes allés dans une petite fête. Il y avait beaucoup d’haïtiens, quatre québécois et trois vénézuéliens. Trois bonshommes aussi rigolos qu’intelligents qu’on aurait pu imaginer qu’ils ont fuit Chavez… Je ne leur ai pas demandé, j’avoue. J’ai imaginé. Il y avait de la musique, de la poule, de la Prestige, du riz et du pikliz. Il a fallu que deux haïtiens se mettent à danser un kompa bien senti pour que les 7 blancs prennent leur trou. On venait de comprendre que de ce point de vue, valait mieux qu’on concentre nos efforts sur la Lambada (pour les vénézuéliens) et la danse des canards (pour les québécois). Il faudra qu’un jour on m’explique et qu’on me permette d’expérimenter ces mouvements aux amplitudes si fines qu’on pourrait imaginer l’immobilité, mais qui dégage tant de volupté. Leur plaisir à danser se lit, se sent. Il y a dans cette danse timide et silencieuse toute la communication d'un monde. Un monde qui, comme les nuances du créole, reste inaccessible au blanc que je suis. Le corps comme la tête enchaînés. 

mercredi 14 décembre 2011

Un regard

Rien dans un regard ne peut s'éteindre. Rien dans ce regard ne peut s'éteindre. Il y a cet autre blogueur (Planète Haïti) dont je jalouse secrètement le regard. Jaloux de sa plume également, je lui ai volé ces phrases que j'aurais voulu miennes : "Pour capter le vrai sens de ce pays, il faudrait y être né. Comprendre les subtilités, les nuances, les retournements, les non-dits… Absorber les chocs quotidiens et multiples. Saisir le sens des regards plantés dans notre propre regard, ou  alors tenter de croiser les yeux détournés et fuyants. Il ne suffit pas, quoiqu’on en pense, d’y avoir passé des mois, des années, à arpenter les chemins et les rues. A parler du sens de la vie, assis,  dans la fumée du charbon. Il ne suffit pas de parler la même langue et de jouer sur les mêmes mots. La logique est différente. Les mots n’ont pas le même sens. Même intégré, même absorbé, même entièrement coulé dans l’histoire, on est à côté, on regarde passer." Me reste une seule question avant d'aller dormir, est-ce que les ayisien sont eux-mêmes en mesure de capter le vrai sens de ce pays ?

mardi 13 décembre 2011

On passe à un autre sujet ...

Dans Haïti en marche du 28 novembre, Marcus (le journaliste qui n'a pas répondu à ma proposition de boire un rhum il y a quelques semaines) commet un éditorial sur les sismologues. Le titre "Les sismologues, taisez-vous !" m'a intrigué et j'avoue que ne suis pas encore certain  de son sens en regard de l'édito, mais ce n'est pas trop important. L'intérêt de l'affaire est la connaissance qui commence à être diffusée sur le fameux séisme du 12 janvier 2010. En 2007, des éminents spécialistes prédisaient un tremblement de terre presque identique à celui qu'on a vécu. La faille Enriquillo identifiée rapidement comme la 'responsable' de l'enfer, celle impliquée dans les prévisions des experts de 2007, n'est maintenant plus mise en cause par les savants. En fait, c'est une faille jusque là inconnue qui a sauté pour produire bagay la. Les scientifiques en ont maintenant la certitude, les analyses sont concluantes. Les deux informations importantes dans cette petite histoire sont les suivantes. En premier, lieu il y a cette vérité 'naturelle' qu'on ne sait jamais tout et que tous les jours on apprend un peu plus. Bagay la à permis d'identifier une nouvelle faille que les instruments n'avaient pas encore détectés. On pourrait se poser sur les limites des instruments et donc des connaissances produites, mais la marche du monde est une série d'escaliers d'erreurs ! La deuxième information importante dans cette histoire est que ce qui ce Enriquillo qui devait sauter, n'a pas encore sauter... Ok, on passe à un très sujet.

lundi 12 décembre 2011

Élémentaire ...

Ici, on parle beaucoup d'insécurité depuis quelques semaines. Juste avant le passage du Père Noël... Je ne sais pas vraiment si la chose a évolué d'une manière telle que nous aurions changé de statut sécuritaire, mais on en discute amplement. Il y a eu des enlèvements dans les derniers jours, mais il y en a toujours... Quelques délits graves, mais encore là, il y a une certaine habitude. En passant, il faut rappeler à tous vos amis qui ne lisent pas ce blogue que "HAÏTI N'EST PAS UN PAYS VIOLENT". Comparez avec toutes les statistiques des pays de la région ou de l'Amérique du Sud, et vous verrez qu'une réputation, ça se gonfle. Qui a intérêt en cette période de nous raconter que le pays sombre encore davantage dans l'insécurité, et ce sans aucune données à l'appui ? Pour le moment, ceux qui à la radio nous parlent d'insécurité nous ramènent toujours l'importance dans ce contexte récemment dégradé, de la reconstitution de l'armée nationale. Ces analystes n'entendent pas la critique qui s'appuie sur l'hypothèse inverse, que l'armée augmentera l'insécurité. "Impossible, c'est bien connu, l'armée est par définition une force de sécurité. Elle ne peut donc pas générer davantage d'insécurité" de répondre notre expert. Élémentaire mon cher Watson ... C'est drôle comme une phrase logique puise corresponde à un argument aussi absurde !

vendredi 9 décembre 2011

Monter dans les rideaux


Tôt ce matin dans un hôtel de Jacmel où j’ai été forcé d’engager un dur combat contre deux oreillers pour qu’on me laisse enfin sortir du lit, je me décrassais les yeux en regardant cet homme monter dans un cocotier. Il faut faire tomber le fruit dur et mûr avant qu’il ne s’attaque à un passant. Dans les minutes qui ont suivi, j’ai eu droit à une montée dans les rideaux du gérant de l’hôtel. Je lui propose ma carte de crédit pour régler la note.
- On ne prend plus de carte de crédit !
- Un chèque personnel ?
- Pas plus, que du cash.
- Vous n’avez pas penser me le dire avant que je déplace mes valises jusqu’ici. Je n’ai pas le cash qu’il vous faut.
- On a du trouble avec cette fichue banque qui ne peut nous donner de cash, carte de crédit ou chèque, ça ne me sert plus à rien!!
Le pays est (serait selon des spécialistes) dans une crise de liquidité depuis quelques jours. J’avoue que je comprends pas grand chose aux multiples analyses lues dans les journaux ou entendues à la radio, mais ilsemble que la crise ‘artificielle’ ait quand même des effets réels. Le bonhomme est donc à court de liquidité même si son compte de banque serait bien nanti. La femme qui mangeait une assiette de fruits juste à côté de nous s’est mêlé de la conversation pour nous annoncer qu’elle s’en allait dans la minute vider son compte de banque. « C’est mon argent, ils sont mieux de me le donner. M’ap fè anpil dezod !!» L’hôtelier a donc été forcé d’accepter ma Visa mais ne sait pas encore quand il pourra voir mon petit bout de plastique se transformer en argent sonnant. Effectivement préférable de se faire sonner par l,argent que par une noix de coco !

mercredi 7 décembre 2011

Boum .. et crise !?


Un ami journaliste me faisait suivre aujourd’hui une dépêche où on apprenait que la chaîne hôtelière Marriott se préparait à construire un superbe hôtel en plein de Port-au-Prince. À Turgeau plus précisément. Le nouveau Marriott  s’ajoutera à deux gros projets hôteliers actuellement en construction du côté de Pétion-Ville, à la remise à neuf du Karibe et à la reconstruction du Montana. Cette effervescence hôtelière est proche de la folie des ‘markets pour blancs’ qui s’est également emparée de la capitale. Je vous fais une petite confidence, je n’ai aucune fibre business. Aucune comme dans ‘rien pas pantoute’. Mais j’ai quand même le feeling que les gens qui font les analyses de marché devraient prendre un peu de Prozac. À moins que ce soit une petite pilule bleue, question de mieux assouvir toutes leurs aspirations. Il y a eu dans les mois qui ont suivi le tremblement de terre, un boum économique sans précédent dans les commerces de luxe, le commerce fréquenté par les blancs. Des milliers d’ONG sont débarquées les poches pleines et tout le monde a vu le Klondike. Le prix des appartements a gonflé en flèche, les restos et les hôtels débordaient, les rues de PAP étaient piétinées par des beaux 4X4 neufs, et tout ceux qui coulent dans le fric étaient heureux. Un de ces restaurateurs bienheureux me disait toutefois que depuis septembre ou octobre dernier, les affaires reviennent à la normale. Il ne loue plus ses appartements aussi facilement qu’avant et surtout, il doit baisser ses prix. Comme si l’économie gonflée par le tremblement de terre commençait à reprendre ses attributs de normalité, les ONG ayant enfin épuisé l’extraordinaire générosité des gens. Je ne sais donc pas comment ces spécialistes du cash planifient leurs affaires, mais j’ai un petit sentiment (bien naïf il faut le préciser) que le Klondike annoncé pourrait dégénérer en crise. Heureusement, ce ne sera peut-être pas une vraie crise économique pour le pays, tout le monde sait bien que 99,99% des haïtiens sont exclus de ces marchés, très peux y travaillent et presque personne peut en profiter.

mardi 6 décembre 2011

Chacun son drame

Il y a quelques fois des choses qui font sourire. Sourire franchement et sourire jaune. Sur le site de certains journaux (et sur youtube surtout), on s’amuse cette semaine avec un carambolage de voitures de luxe qui s’est produit en Chine. Des Ferrari qui emboîtent des Lamborghini… Quelques millions de $ de casse pour des gens qui ont assez de cash pour se payer un bolide de course, mais qui éprouveraient certaines difficultés à en maîtriser la conduite. Presque au même moment survenait ici un accident qui n’a sûrement pas coûter si cher. Un camion enfonce un pilonne électrique. Bilan : 10 personnes mortes électrocutées. Des gens qui n’ont pas d’Argent pour se payer l’électricité mais qui meurent électrocutés … Autre bout du monde, autre drame !

lundi 5 décembre 2011

Faire des bulles

À tous les jours, on se couche un peu moins imbécile. C’est peut-être la seule vérité, je parle de vérité vérifiable. Je travaille depuis quelques semaines sur des nouveaux dossiers relatifs à l’appui des ONG amies d’Ayiti à la construction de nouvelles structures hospitalières. Le tremblement de terre ayant mis près de 60% des structures sur le cul (dans les départements touchés bien évidemment), on construit beaucoup d’hôpitaux. Des hôpitaux modernes bien évidemment, « il faut ce qu’il faut !! » Des hôpitaux ‘designés’ en fonction de critères définis ailleurs dans le monde où la modernité a fait son nid, pour ne pas dire s’est arrêtée. Deux de ces nouveaux machins qu’on veut livrer au ministère de la santé auront des frais de gestion évalués à 9 millions de $ (US). 9 millions chacun !!! À titre d’information, question de mettre les choses en perspective, le plus gros hôpital du pays fonctionne actuellement avec un budget total de près de 6 millions de $. Je ne parle pas ici des frais de gestion de l’hôpital, mais de son budget total… Comment donc ces grands penseurs de l’aide internationale (il y en a entre autres un qui fait le tour du monde pour raconter comment les choses devraient être faites …) peuvent-ils intelligemment gonfler la bulle autant ? Comment l’État haïtien pourra-t-il faire vivre ces éléphants blancs (dans le sens de blanc !!) sans multiplier par 20 la part du budget de l’État dévolu à la santé ? Qui sera accusé d’avoir saccagé un si beau cadeau des ONG amies ? « Avec le tremblement de terre, on a récolté trop d’argent, on ne sait plus comment la dépenser » me disait un de ces promoteurs un peu gêné.

dimanche 4 décembre 2011

Vaccinés


Hier matin, j’écrivais à un ami de Québec qui prépare une petite visite en Haïti pour venir voir son vieux chum et la blonde de son vieux chum. Ce sera sa deuxième visite. Je lui écrivais une petite phrase très simple (pour ne pas dire simpliste) qui une fois terminée, m’afait sursauté : ‘Les haïtiens sont toujours heureux’. Sans trop réfléchir,j’écrivais tout légèrement cette ‘vérité’. Ok, j’exagère un peu, mais à côtoyer des haïtiens à temps plein depuis plus de trois ans, on comprend qu’ils ont au moins été vaccinés contre la tristesse ou la déprime. En fait, on cherche les défaillances quand on voit ces gens maintenir une joie de vivre pendant des décennies baignées dans une pauvreté extrême et ponctuées de crises politiques violentes, d’ouragans et d’un tremblement de terre dévastateur. Ici, on parle de résilience, pas de dépression. Ce flash du ‘bonheur’ m’est venu en pensant à l’adolescente québécoise qui s’est données la mort cette semaine. La fille estimait que la mort valait mieux que l’enfer de sa vie perturbée par des consoeurs d’écoles un peu trop harcelantes. Ou encore en lisant ce reportage dans La Presse de samedi sur les gens de Lanaudière dont la vie s’est arrêtée depuis que l’usine qui les embauche a décidé de transporter leurs jobs aux États-Unis en les laissant eux-mêmes au Québec. Ils sont déjà 8 ou 9 employés à avoir choisi la mort plutôt que cette vie qu’ils appréhendaient. Dans notre petite tête de québécois, le suicide est une option dès que l’insoutenabilité de la vie semble penser plus lourd que sa fin définitive. Les haïtiens ne parlent pas du suicide. Pas que ce soit tabou, simplement que ce n’est pas une éventualité.

jeudi 1 décembre 2011

Il y a pire que l'hiver canadien

Je ne vous ai pas donner de nouvelles du livre bleu depuis déjà plusieurs semaines. Pour les néophytes, c'est un ti-cul de 16 ans qu'un membre de sa famille tente de faire immigrer vers le Canada (le plussss meilleur pays du monde) depuis ... quelques semaines après du tremblement de terre du 12 janvier 2010. Il y a eu une petite secousse cette semaine, au cas où vous confondriez ?! Le gars est 'orphelin' depuis  bagay la et une tante maintenant canadienne tente de le prendre sous son aile. Quant à moi, je suis le grand frère qui aide l'ado (même pas boutonneux !!) à passer par la course à obstacles haïtiano-canadienne afin d'obtenir tous les papiers nécessaires à faire le voyage vers le froid. Il avait 16 ans au début du processus, maintenant 17 et je souhaite qu'il n'arrive pas à 18 avant d'obtenir le visa. Le Canada (le plusss meilleur pays du monde, désolé pour le bis, ça me fait trop plaisir), à donc tout ce qu'il faut (preuve du décès des parents, conformité du lien entre l'enfant, papa et maman, la conformité du lien familial entre la mère et la tante au Canada, ...) pour prendre la décision tant attendue. Hautement souhaitée du ti-cul qui ne rêve qu'à prendre l'avion ! "C'est comment l'hiver ? Tout le monde me dit que c'est froid" "Tu sais pour le froid, il y a pire que l'hiver ..." Donc dans l'attente des dernières semaines, mon cher pays vient de demander des tests d'ADN pour confirmer les liens de parenté entre le ti-cul et la tante. Merci de rester calme. Merci de ne pas rejoindre les indignés qui campent dans votre voisinage. Merci de ne pas appeler Radio-Canada, la Facture ou les Francs-Tireurs pour dénoncer la tabarn... de niaiserie. Des tests d'ADN... Des tests d'ADN. On arrête pas le progrès. Ai-je dit des tests d'ADN pour faire migrer une jeune de 17 ans. "Pour le froid, il y a pire que l'hiver canadien." Désolé encore pour le bis.