samedi 30 avril 2011
Funérailles bis
En moins de 5 jours deux funérailles. Lundi dernier, je faisais parti de la distribution des funéraillés, et hier, les vedettes étaient les membres de la famille d’une collègue haïtienne qui travaille dans un autre projet canadien. Grosso-modo, même messe (en français !) à 4 heures d’avion de distance. Je parle des étapes et des grandes prières bien évidement. Je parle aussi de la qualité des musiciens et chanteurs. Je parle surtout de la même peine dans les yeux rougis. Pour le reste, quelques heures supplémentaires de distance … Si pour les funérailles de mon père, le décédé et ses proches ont été le point central de l’événement, le focus en Ayiti était nettement moins ‘personnalisé’, davantage fixé sur la cérémonie en soi, sur sa dimension religieuse. Chez nous, le curé a parlé abondement de Bob, une petite-fille, deux tantes et moi (pour la fratrie) avons été appelés à lire des textes ‘personnels’ en hommage à Bob. Des lectures spécifiques religieuses de la cérémonie ont été faites par un petit-fils, ma sœur et un de mes frères. Le curé a réuni les enfants et les petits-enfants deux fois autour de lui pour distribuer des fleurs et bénir la tombe. Disons simplement qu’il y a eu du mouvement et que le décorum religieux semblait moins présent, que le curé avait partagé la vedette. En fait, comme si la religion jouait le rôle de second violon pour mettre davantage les projecteurs sur les gens directement touchés. Hier à l’Église Saint-Pierre, je me suis retrouvé dans un environnement plus serein (dans le sens de moins ‘actif’), davantage centré sur le message religieux de l’événement. Une cérémonie nettement moins arrosée de l’individualité de la mort. À l’inverse de ce qui s’est passé lundi, où la religion en fait, joue le premier violon. Le curé en tête d’affiche. Je ne sais pas trop si c’est simplement ma distance émotive avec l’événement qui m’a fait observer ces dissemblances, mais j’imagine aisément les haïtiens difficilement capables de se donner préséance sur le Bon Dieu, ou du moins vouloir prendre une place aussi significative que lui. Ça me rappelle la réaction du chauffeur le lundi matin où on se préparait à quitter d’urgence pour le Canada. Comme à tous les matins, il m’avait demandé comment j’allais et je lui avais répondu que j’étais pas mal ‘tèt chaje’, que je venais d’apprendre que mon père allait mourir. Il avait sursauté (un peu vexé même) que j’ose annoncer la mort de mon père, alors que seul Dieu a cette capacité. ‘Mèm bagay’ pour les funérailles.
vendredi 29 avril 2011
Petite victoire
Si une mauvaise nouvelle n’arrive jamais seule, une bonne nouvelle est trop souvent suivie de son contraire. C’est donc très heureux que nous nous sommes rendus (l’ado du livre bleu et moi) à l’ambassade canadienne pour déposer les … de document manquants. Une salle remplie d’haïtiens qui (bien tristement selon votre hôte) aspirent à devenir canadiens, ou simplement à ne plus être haïtiens. On imagine ces personnes qui tentent de se dépatouiller pour répondre aux exigences du gouvernement canadien afin d’obtenir les papiers requis pour le grand voyage. Passer dans les mailles informes mais résistantes de la fonction publique haïtienne pour après se frotter à celles rigides et serrées de l’immigration canadienne. Pour compliquer davantage les choses, il faudra aussi faire un petit passage par les mailles des fonctionnaires de l’immigration du Québec, société distincte oblige. Depuis que nous sommes ici, on ne compte plus les demandes d’appui que les haïtiens nous ont faites pour que nous puissions leur ouvrir les portes du ‘pluss beau pays du monde’. En bon haïtien, ils s’attendent à ce que comme canadien, j’ai mon propre ‘moun pa’ (mon homme, mon protégé, mon contact, …) aux services d’immigration. Pas si simple que ça… Avec l’ado donc, on s'est fait dire que le dossier était fermé (question de timing [il a bien fallu attendre les papiers haïtiens] et de procédures en cours au Canada). Les documents devront donc prendre l’avion pour se rendre à Mtl afin que le dossier soit ré-ouvert avant … de revenir en Haïti pour que son dossier soit traité. Donc si vous avez fait sauter le bouchon, j’espère que ce n’était pas de votre meilleur champagne. Cette première petite victoire nous entraîne dans une autre compétition, avec les fonctionnaires canadiens cette fois-ci. On verra pour la suite.
jeudi 28 avril 2011
Sautez le bouchon
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Sortez le champagne
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mardi 26 avril 2011
Une idée de même
lundi 25 avril 2011
Témoins vivants
mercredi 20 avril 2011
De la neige dans l'engrenage
La mort et le froid sont souvent synonymes. L’hiver, qui avait laissé sa place au printemps depuis quelques semaines, a fait un petit retour aujourd’hui. Bien évidement, ni Jo ni moi n’avons ce qu’il faut de linge pour faire face à cette chute du mercure. Pas plus qu’à cette chute de neige. Je trouvais que la photo avait un petit quelque chose d’exotique (ou d’anti-exotique) pour nos amis haïtiens. En fait, le plus exotique est cette neige au mois d’avril. Imaginez, on a fermé les écoles dans la région de Québec !!
lundi 18 avril 2011
Le père n'est plus
Avec toutes ces histoires, je n'ai pas été en mesure de m'occuper de mon petit livre bleu. Je ferai ça à distance.
dimanche 17 avril 2011
On n'arrête pas le progrès ...
… c’est le progrès qui nous arrête ! Une des retombées concrètes de la présence du président actuel a été l’investissement significatif pour la construction des routes. Il y a eu de gros investissements (entre le Nord et le Nord-Est, Cayes-Jérémie, routes nationales 1, 2 et 9, St-Marc-Gonaïves, …) qui, dans une logique économique du moins, doivent favoriser le progrès. Il y a autour de ces grands projets toute une histoire de magouilles autour de la constitution de la CNE, le Centre National des Équipements (ou la Corruption National Éhontée selon certains). En fait, le CNE est une façon (toute canadienne et québécoise avec la création de nos agences) de sortir de la fonction publique dans les modalités de fonctionnement, tout en se gardant bien évidemment la protection des fonds publics. Une agence sous contrôle publique qui n’a pas à rendre de compte aux politiques. Pour la petite histoire également, il faut rappeler que le DG de la CNE a été Jude Célestin, cette étoile filante politique que Préval avait lancée à la dernière minute dans l’arène de la course présidentielle. On connait la suite. Cette semaine, j’étais dans le Nord-Est du pays. L’avion nous largue à Cap-Haïtien d’où on prend une machine pour Fort-Liberté et Ouanaminthe. Pour le premier arrêt à Fort-liberté, le trajet prend autour de 45 minutes alors qu’il y a un peu plus de deux ans, il fallait compter 2h30. Net progrès. Vingt minutes plus loin, on arrive à Ouanaminthe, ville frontalière avec la République Dominicaine. La douane a dû être refaite considérant l’augmentation significative du débit des échanges entre les deux pays. Après maintenant plus de deux ans de ce trafic croissant, les hôpitaux du coin assument certaines conséquences. « Quand on va plus vite, on arrive plus rapidement au cimetière » me dira Alfred, un partenaire du coin. Les cas de trauma sont donc en forte hausse et plus souvent, ce sont des accidents de moto. On constate effectivement assez rapidement en mettant les pieds en Ayiti que les motos (presque exclusivement des motos-taxis) représentent un risque significatif au plan de la santé publique. En premier lieu à cause de leur façon de conduire : zigzag entre les voitures, sens inverse des sens uniques, sur les trottoirs, transporter six personnes sur deux roues, etc. . En second lieu également parce que dans cette lutte continue pour l’espace routier, ils ne font pas le poids contre les 4X4, les tap-tap, ou les camions. Tout ça bien évidement dans un contexte où l’État n’a ni le cadre légal ni les ressources pour encadrer minimalement l’utilisation de l’espace routier. Il faudrait donc réfléchir le genre de projets de construction où les bailleurs (les routes sont presque toujours financées par l’international) sont forcés d’investir un certain pourcentage pour appuyer l’État dans sa capacité à gérer ce qui s’y passera. On ne paie pas que pour l’asphalte, on augmente la capacité de l’État à éviter que ce progrès mène moins de monde plus rapidement vers le cimetière. Je vais en parler à la CIRH, je suis certain qu’ils vont trouver mon idée géniale.
samedi 16 avril 2011
Lettre à Wajdi
Dans le Devoir de ce matin, Wajdi Mouawad s'exprime(le lien). Il dit en fait que le symbole a triomphé dela justice et que dans ce débat moral entre le symbole et la justice, il avait choisi de se taire.
Vous avez choisi de vous taire alors que le choix devait se faire entre le symbole et la justice. Peut-être que si vous aviez choisi de parler, de donner le sens de la présence de Cantat sur cette scène, la dimension symbolique de son crime se serait métamorphoser de manière à mieux servir la justice, à pousser plus de gens à choisir la justice. Dans cette histoire, je vous avais choisi. Une confiance aveugle à celui qui anime le théâtre d'une manière telle qu'intelligence et sensibilité se marient au profit du meilleur, du mieux. J'avais donc décrété que 'si Wajdi a fait ce choix', c'est qu'il avait une idée en tête, que Cantat portait un propos qui illuminerait le symbole. J'avais écrit sur ce blogue 'What does Wajdi Want ?' en espérant que vous vous ne taisiez pas, que vous défendiez votre choix artistique. Je continue de croire que si vous aviez choisi de parler, vous auriez fait triompher la justice. Que votre théâtre continue de nous chavirer, la justice en a besoin.
vendredi 15 avril 2011
Promesse, promesse
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jeudi 14 avril 2011
Ne vous énervez pas
mercredi 13 avril 2011
Livre bleu
- Je fais quoi quand le tout est rendu au Ministère ?
- Un des directeurs du Ministère doit le valider avant de l’acheminer aux Archives, à partir de ce moment là, vous pourrez mettre la main sur votre extrait.
- Ça veut dire combien de temps ?
- Combien il y a de lettre dans éternité ? 8 !
- Vous parlez de 8 jours, 8 semaines, 8 mois, 8 années ?
- Non, pas 8 années quand même…
- Qu’est-ce que je peux faire pour bouger les choses ?
- Vous pouvez convaincre le directeur de signer le registre directement sur place et vous rendre directement aux Archives nationales. Si vous êtes chanceux, vous aurez votre extrait aujourd’hui.
You bet !! Embarque dans la machine avec le registre bleu et l’accompagnateur, on fait un bon 3 minutes de voiture pour arriver au Ministère. J’entre avec le messager sous la tente qui sert d’abris aux fonctionnaires depuis bagay la. Discute avec le directeur en question qui accepte de faire vite, mais qui me demande en échange d’apporter aux Archives nationales les autres registres qui sont dans son classeur. Pa gen pwoblem !! Il ouvre le classeur, ils sont une quarantaine à attendre. Le plus vieux que j’ai vu passé concernait le registre des mariages de Léogane, 2002… Dans un cahier, il prend en note le détail des 40 registres et signe la liste. Mon livre bleu commence à se perdre dans la pile. Les 40 registres et la liste sont envoyés sur le bureau du voisin, le fonctionnaire voisin vérifie la liste et signe lui aussi. Je ne vous niaise pas, mais la liste a été vérifiée et contresignée 4 fois et surtout, j’ai perdu la trace visuelle de mon registre bleu. Après plus d‘une heure et avec deux accompagnateurs cette fois-ci, on se rend à la voiture les bras bondés de registre. 30 minutes plus tard, c’est enfin l’arrivée aux Archives nationales. Avec l’expérience, je ne crois pas encore que le moment de chance de l’ado est arrivé. Débarque la cargaison aux Archives où tout le monde se demande ce que fait un blanc avec tous ces registres dans les bras. On recommence le comptage et la validation de la liste jusqu’à ce qu’on arrive à mon fameux bouquin bleu. Le fonctionnaire le paraphe avant que je l’amène à une femme qui le saisit sur un ordinateur. Il ne reste que la signature du directeur des Archives qui … n’est pas là !!! « Il devrait revenir vers 16h00 aujourd’hui, revenez demain et vous pourrez avoir l’extrait. » J’y retourne demain mais je n’ai pas une grande confiance quant à la capacité des Archives de retrouver rapidement mon petit livre bleu.
mardi 12 avril 2011
Si on ne s’embrasse pas
Tout le monde se rappelle de cette feuille pliée en deux. Un cœur dessiné sur la couverture, et à l’intérieur, la fameuse question : « Veux-tu sortir avec moi ? » La réponse la plus surprenante que j'ai reçue fut : « Oui, si on ne s’embrasse pas. » Tu fais quoi de ce genre de réponse ? Sortir avec sans l’embrasser ! C’est un peu le feeling que nous laisse la dernière rencontre de la CIRH. Tout le monde est venu dire que les choses allaient mieux et qu’enfin, il commençait à se coordonner quelque chose dans ce foutu bordel compétito-banane de l’aide. Bill a rencontré le nouveau président pour voir … s’il voulait toujours sortir avec. Ce n’est pas la première rencontre entre les deux hommes, les deux candidats à la présidence ayant eu des rencontres avec les gens de la CIRH, question de leur faire comprendre qu’il fallait compter avec eux (je parle des gens de la CIRH). Manigat avait manifesté un peu plus de distance durant la campagne, mais Martelly s’était dit prêt à continuer l’expérience. La route que prendront les milliards annoncés devrait passer par le tuyau de la CIRH, Martelly sait compter, et pas seulement les temps. Bill reste l’homme de confiance de la communauté internationale, au-delà du fait que toutes les rumeurs courent sur ses intérêts personnels dans l’histoire de la reconstruction du pays (des entreprises dans le secteur des communications par exemple). Le « Oui, si on ne s’embrasse pas » vient de la présence ou non du Premier Ministre Bellerive dans la suite de l’affaire. Sera-t-il le choix de Martelly et des deux chambres (le sénat et la chambre des députés doivent approuver le choix du Premier Ministre) ? Bill, lui, voudrait bien pouvoir compter sur son acolyte de la dernière année. Martelly lui a ‘généralement’ dit oui pour la CIRH, mais pour les tibo (les becs), on continue de réfléchir. Les pressions sur Martelly se font grandes et tout ceux qui pensaient que les deux chambres allaient pousser pour imposer leur premier ministre n'avaient pas compter sur la CIRH et les talents de charmeurs de Bill.
lundi 11 avril 2011
Ils ont vu
Amadou et Mariam étaient en Haïti dans le cadre de leur appui au PAM, le Programme alimentaire mondial. Depuis quelques jours en Haïti, amadou nous a raconté tout ce qu’ils on pu voir des projets et des interventions du PAM. L’atmosphère était à la fête et dès les premiers accords de leur ‘hit’ Dimanche à Bamako, les dignitaires ont laissé tomber leur dignité pour se faire danser. Côté musique, disons que les arrangements de Manu Chao manquaient à la sauce. Mais les maliens sur place (sur la scène comme dans la foule) ont quand même réussi à faire lever la fête. L’action du PAM n’est pas une mince affaire. Ils sont plus de 400 employés et le gros défi actuel est de prévenir une crise alimentaire qu’on voit poindre au cours des prochains mois. Même si on investit des millions de $ pour relancer une pratique agricole, le riz n’aura pas le temps de pousser avant que la population commence à manger des galettes de glaise...
dimanche 10 avril 2011
Un dimanche à Port-au-Prince
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samedi 9 avril 2011
What does Wajdi Want ? 2
Maudeline
Vous voyez cette dame ? Je ne la connais pas, mais je vais quand même vous parler d’elle. Elle m’apparait assez représentative de ces millions de femmes haïtiennes, celles qu’on appelle le potomitan (un terme tiré du vaudou) de la vie familiale et sociale haïtienne, le point central, l’axe solide, celui sur lequel tout le reste s’appui, s’agglutine même. Cette femme personnifie surtout Maudeline à qui, par un concours de circonstances qui serait trop long de raconter ici, je donne un petit coup de pouce. Maudeline est mariée à un vrai mari, c’est à dire présent. Tous les jours je veux dire. Auprès d’elle et des enfants. Le bonhomme est à son affaire comme on dirait. Il y a des femmes autour de Maudeline qui trouvent qu’elle n’est justement pas très chanceuse que son mari soit si présent, plusieurs femmes haïtiennes aiment bien les hommes s’ils se tiennent loin. Maudeline, elle, est heureuse d’avoir son Brunel auprès d’elle. Ensemble, ils ont plusieurs enfants, il faut les doigts des deux mais pour les compter. Pas assez pour utiliser les doigts de pied, mais proche. Le tremblement de terre a foutu en l’air ce que cette famille avait de confort, tout le monde vit sous la tente depuis le 12 janvier 2010. Un camp de Pétion-Ville comme des centaines d’autres. Maudeline et Brunel n’en peuvent plus d’entendre les flatulences du voisin, cette promiscuité les étouffe. Sortir de ce camp est la seule option envisageable, mais pour aller où ? Avec quel argent ? L’histoire qui suit illustre le genre de dilemme à la con que confronte tous les jours les ceuz qui font la même chose que moi. Aider quelqu’un qui, dans ma compréhension toute québécoise des choses, peut s’en aller directement dans le mur. L’enjeu, c’est que c’est là que ce quelqu’un est prêt à aller, le mur étant éventuellement moins pire que la tente. Certaines pièces du dilemme sont présente dans cette petite histoire : Une partie du rapport de force est de mon côté (je contrôle les kob, l’argent) et une autre dans sa manche (en principe, elle est mieux placée que moi pour définir ses priorités). Voici donc enfin (après toute cette entrée en matière !!) la petite histoire de mon rapport avec Maudeline. Par une série d’événements fortuits, l’histoire de Maudeline a été racontée à des travailleurs d’une entreprise montréalaise. L’histoire et les photos de la petite famille ont touché les cœurs et ouvert les portefeuilles. Une des employés a pris le dossier en main et a réussi à amasser assez d’argent auprès de ses collègues pour pouvoir réellement aider la famille de Maudeline. Disons que Maudeline vient de gagner un montant substantiel à la loto. Dans l’affaire, un autre québécois travaille de près avec les parents alors que je gère principalement le portefeuille. Tout le monde bien évidement est bien intentionné. D’un côté du spectre, il y a cette approche qui dirait que ce n’est pas de Mtl que les décisions doivent être prises, que la famille fera de cet argent ce qu’elle juge bon d’en faire, que les choix plaisent ou non aux employés-bailleurs. Il y a l’autre bout du spectre qui aurait déterminé de manière stricte ce à quoi devait servir l’argent. Le GBS (gros bon sens) de tous nous a amenés à discuter avec la famille et à identifier avec eux des priorités, priorités qui étaient les leurs mais qui pouvaient correspondre à une vision acceptable de l’utilisation de l’argent donné par les employés montréalais : École pour les enfants, terrain, maison et petit fond de commerce pour Maudeline. Même si le montant est substantiel, il n’y a malheureusement pas assez d’argent pour répondre complètement à toutes ces priorités. Dilemme… Pour Maudeline et Brunel, la priorité des priorités est de sortir de ce camp maudit, surtout qu’on commence lentement à pousser les gens vers la sortie. Acheter un terrain devient donc la priorité de la famille. Ok Maudeline, on est là pour t’appuyer. On verra comment on utilise ce qui restera d’argent. Elle et son mari trouvent rapidement un terrain, assez grand et à un bon prix. La sœur vient d’acheter le terrain voisin du même propriétaire, on sera en famille. Tout semble OK. Je me rends chez le notaire avec les titres du terrain pour valider la qualité juridique des papiers (on est en Haïti quand même !!). Ce dernier ne prend même pas 30 secondes pour me dire que notre amie Maudeline et son Brunelle n’achèteraient rien, ces titres sont clairement des faux. « Vous allez trouver des notaires pour faire cette transaction, mais elle ne vaudra rien en cas de litige. Moi, je n’accepterais pas d’officier dans une transaction qui s’appuie sur ce genre de papier. » « Même pas un petit doute ? » « Non, aucun doute. » Wow, il faut maintenant expliquer au couple que l’affaire n’est pas claire et que le vendeur n’est pas le propriétaire légal de ce qu’il vend. « On s’en fout !! On veut sortir de ce camp et si on peut rester sur ce terrain quelques mois ou quelques années sans complications, ce sera au moins ça de gagner. » Tous les arguments que vous pouvez imaginer (québécoisement rationnels j’entends) ne font aucun effet auprès du beau Brunel et à sa Maudeline. Imaginez leur demander de se projeter dans l’avenir (court ou moyen terme) alors que leur présent est un enfer. Imaginez maintenant tenter de leur expliquer que ce terrain sera un lègue pour leurs enfants, c’est faire référence à un avenir (long terme) qui ne peut tout simplement exister dans la tête d’un haïtien de leur rang social. C’est comme si on tentait de me convaincre d’acheter un terrain sur la lune en me faisant miroiter des gains financiers mirobolants au moment où on va y installer une partie de l’humanité… Maudeline et Brunel poussent pour que la transaction se fasse le plus rapidement possible, ils seraient même prêt demain. À notre tour, on marronne. On argumente, on discute avec Mtl, on manifeste notre agacement, notre désaccord … pendant qu’on cherche un nouveau terrain. On l’a trouvé. Maudeline et son mari l’ont beaucoup aimé même s’il coûtera nettement plus cher, et donc qu’il faudra diminuer les ambitions territoriales. Il reste bien évidement le notaire, même si on est davantage confiant cette fois-ci. Je ne sais pas jusqu’où ils se sont rendus à nos arguments (qui sont tirés d’une logique autre), mais ils acceptent aujourd’hui l’idée que leur premier choix aurait probablement été une erreur. Je vous informerai de la suite, je sais que l’histoire n’est pas terminée.
jeudi 7 avril 2011
L'anal
mercredi 6 avril 2011
What does Wajdi Want ?
Je ne le fais pas souvent, parler du Québec je veux dire. Pour ne pas oublier, il ne faut pas l’oublier, vise à conserver une mémoire de ce que cette aventure haïtienne a eu et aura de mémorable. Même l’anodin peut être mémorable, c’est toujours ce que je dis à mes ex ... Je voulais réagir concernant le dossier Cantat qui noircit silencieusement les pages de plusieurs journaux/blogues depuis maintenant quelques jours. Je ne vous rappelle pas l’histoire, elle devrait sortir en film bientôt (à moins que ce ne soit déjà fait ?). En fait, je lis plusieurs des commentateurs dans les médias québécois (je ne peux prétendre les avoir tous lus), mais il y a quand même quelque chose qui me surprend. Tout y passe. Le droit à la réhabilitation, la chaise électrique, le statut de l’artiste face à ses crimes, des gens qui veulent aller le huer et d’autres qui disent qu’un artiste a le droit de vivre de son art même après l’odieux, de la provocation ou un gros coup de pub, les douaniers le laisseront-ils passer et les politiciens commencent à récupérer l’affaire… Jusque là, on me semble tourner un peu en rond. Comment, dans cette affaire, on n’arrive à ne pas interpeller directement Wajdi Mouawad ? Comment peut-il refuser de répondre aux questions des journalistes ? Quelles sont ses intentions ? Théâtralement je veux dire. Le gars ne fait généralement pas dans du ‘Fabienne Larouche’. Incendies dans le vieux Quat’Sous, on se désole encore en fouinant dans tous les théâtres de la ville. Littoral, … Son théâtre est généralement porteur d’une humanité assez forte, d’une humanité qui a migré, d’une humanité victime de la guerre. Le message est appuyé. Que veut-il donc en engageant ce musicien pour faire partie de son spectacle ? J’imagine un metteur en scène qui implique une association de ‘pédophiles repentis’ dans un spectacle pour marquer davantage son propos contre les violences sexuelles faites aux enfants. Bien ficelé, tout le monde (ou presque) reconnaîtrait que ces ‘pédophiles repentis’ amplifient la force du message de l’auteur, de la théâtralité du spectacle. On serait heureux d’ovationner leur réhabilitation. Wajdi a-t’il ce genre d’intention, ou avait-il seulement besoin d’un guitariste ? Il me semble que le débat part de cette question. Si le crime et la réhabilitation font partie du propos du metteur en scène, on pourrait avoir droit à du grand Wajdi. S’il a simplement souhaité donner un job à un ami guitariste, il faudra se rappeler que la rationalité de la justice face à un délit, et l’émotivité ambiante face à ce même délit sont souvent aux antipodes. On pourra encore avoir droit à du grand Wajdi, mais avec une distribution qui égratigne la portée du message.
mardi 5 avril 2011
Se faire surprendre
- Enfin, on va pouvoir parler d’autre chose.
- Effectivement, depuis septembre dernier, on ne parlait que des élections. Mais je ne suis pas certain qu’on va pouvoir parler d’autre chose vraiment. On aura un Président à la Sarkosy, quelqu’un qu’on verra et entendra partout. L’inverse de Préval qui se terre dans sa maison et laisse les choses filer. Lui, devrait nous faire voir son côté impulsif assez rapidement.
- C’est drôle que tu parles de son côté impulsif, c’est la défense de toute son équipe depuis deux semaines. L’homme n’est pas violent, il est impulsif ou intense. Au plan des communications du moins, il s’en sort bien. Moi, ce qui m’impressionne le plus, c’est la différence dans les proportions de vote. Manigagt n’a pas bougé entre le premier et le deuxième tour alors que lui, il a réussi à aller chercher près de 50% plus d’appui. C’est toute une marge. Je ne comprends pas en fait parce qu’autour de moi, tout le monde ou presque appuyait Manigat.
- Tu travailles avec des gens qui savent lire… 67%, c’est le taux d’analphabétisme dans notre pays.
- Tu me sors toujours cet argument facilo-démagogique quand il est question de Martelly, c’est un peu court.
- T’as raison, je dois lui donner le crédit de la victoire. Je suis tellement certaine qu’on entre dans un deuxième fiasco aristidien, que la seule chose qu’il pourra faire à partir de maintenant est de nous surprendre positivement. Ce serait enfin une belle surprise.
- Que penses-tu qu'il va faire dans le dossier des procès contre Duvalier ?
- C'est ce que je te disais, il aura rapidement l'occasion de nous faire la démonstration qu'il peut effecivement faire de la politique autrement.
lundi 4 avril 2011
L'attente 4
L'attente 3
L'attente 2
L'attente
dimanche 3 avril 2011
À vos plywood, on reconstruit
Pendant que les commerces se barricadent, sur le site de HPN, la rubrique ‘Dernières nouvelles’ nous donne aujourd’hui cinq nouvelles. On commence par la quatrième, juste pour vous énerver. «Radio Caraïbes sollicite la protection de la Minustah». L’animateur-vedette franchement pro-Manigat recevrait des menaces à la pelle depuis quelques semaines (s’attaquer à lui, sa famille, à son poste de radio, ...). La situation est maintenant trop tendue selon lui, il demande de la protection de la Minsutah parce qu’elle serait mieux ‘organisée’ que la PNH. Troisième nouvelle : «Des Machettes contre des fusils d’assaut.» Petites tensions dans un tap-tap de carrefour entre un homme pro-Manigat et des partisans de Martelly. Les partisans de Martelly l’auraient menacé de le passer à la machette. Il n’a peur de rien, il les attend avec son fusil semi-automatique. Deuxième nouvelle : «Des journalistes se déclarent menacés.» ici encore, ce serait des zélés du clan Martelly qui menaceraient des journalistes. Et la première nouvelle : «Les USA lancent un appel au calme avant les résultats des élections». L’ambassadeur américain qui demande à tout le monde de garder tèt frèt, en rappelant que la violence ne règle rien. Je vous entends réagir quand ces propos sortent de la bouche d’un américain !! Assez l’anti-américanisme primaire, c,est terminé, ça ne règle rien. La cinquième nouvelle, juste pour terminer sur une note différente (optimiste serait inopportun), «Haïti : Un homme tué à Delmas.» Des individus s’étant fait passé pour des policiers de la PNH l’ont interpellé avant de lui faire des trous dans la peau et vider ses proches de leurs contenus. Avec le (ou la) prochain(e) président(e), on parlera enfin de reconstruction.
*Je sais que les uqamienEs veulent que j'écrive "prochainE présidentE", mais je n'y arrive pas encore.