vendredi 4 novembre 2011

Le fouillis et la perfection

Et si le fouillis était le début de l’ordre ? Pourquoi pas ! Vous connaissez le proverbe ‘La perfection est l’ennemi du bien’, c’est de ça dont je parle. Je discutais avec des gens de la business (blancs comme noirs) récemment et je leur exposais mon projet de 3 milliards de dollars pour relancer le pays. Un vaste programme Étatique de prêts pour permettre la constructions petite kay (prononcer caille, maison en français) pour les familles haïtiennes. Pas simplement celles qui sont toujours sous des bâches, mais toutes les familles haïtiennes qui sont mal logées. Je parle bien évidemment de familles en mesure de rembourser un prêt, peut-être 20 à 30% au total. On prend 3 des 6 milliards restant dans les promesses faites au pays et la CIRH lance le projet. En premier lieu, tu recapitalises les banques qui auront à gérer ces prêts. Tu fais un montage financier qui leur permettra de récupérer une partie de cette capitalisation sans que leur gain se matérialise en taux d’intérêt pour les consommateurs (on parle de 8% par année depuis quelques mois alors avec un nouveau programme, mais depuis longtemps, le taux était de 25% par année !!). Les banques prêtes à certaines conditions : Des bons papiers pour le terrain, une construction antisismique avec des contrôles de qualité, contractualisation avec des architectes, ingénieurs et entrepreneurs enregistrés, les systèmes pour l’eau potable et l’évacuation des eaux sales, la gestion des déchets, l’électricité, des mesures de contrôle pour le paiement des services publics… Tout bagay ! L’argent reste et circule en Haïti au lieu de prendre l’avion ! Les boss (ouvriers) de tout acabit, les vendeurs de matériaux, les arpenteurs, les marchandes qui s’aglutinent autour des chantiers pour vendre leurs figues aux ouvriers … L’État et les municipalités tirent des taxes et des impôts de toute cette activité. La réponse de tous à mon idée est simple : « C’est impossible, tu as ni le cadastre ni le système juridique pour gérer une telle entreprise de manière correcte. T’as même pas de services publics !! On est loin d’être prêt à se lancer dans un tel projet. » C’est la question de l’œuf ou la poule. « Comment pensez-vous que nos sociétés dites ‘évoluées’ en sont arrivées à avoir des systèmes presque sans faille en matière de développement domiciliaire ? En attendant que toutes les lois, règlements et autres exigences soient parfaits ? Non, il y a des gens qui se sont cassé le nez et ont forcé l’État, les municipalités et les associations de toutes sortes à mettre en place des garde-fous. On attend un cadastre national pour commencer ? On ne commencera jamais ! Non, il faut forcer ce cadastre par le fouillis. Par les conflits entre 8 personnes qui ont des papiers pour démontrer qu’ils sont tous propriétaires du même terrain. Forcer l’État et les municipalités à définir certaines règles par les conflits que vivront les familles. Le cadastre va se négocier morceau par morceau et plus les négociations vont évoluer, plus des règles précises et reconnues par tous les légitimeront. Même chose pour l’eau potable ou l’électricité … Du constructivisme dans la forme et dans l’esprit. La perfection est le résultat d’un fouillis, j’en suis certain !

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