lundi 7 novembre 2011

Charbon et créole

J’allais être en retard pour mon vol ce matin. Le départ pour Jérémie était planifié pour 8h00 et à 7h30, j’étais toujours dans le blokus de Delmas 31 !! Dix minutes avant l’heure, je dérape dans l’aéroport. Le gars de Tortugair qui est devenu mon ami m’invite à me calmer : « 90 minutes de retard M Labadie, pas de problème. » Tabranak … Je me suis levé aux petites heures pour terminer des courriels et quitter la maison à 6h00. Je vais encore une fois m’écraser les fesses sur les bancs trop longtemps... Il faut quand même aller à Jérémie quelque fois par année pour se rappeler qu’il y a des arbres en Ayiti. J’exagère un peu. En fait, cette région est tellement boisée qu’elle fait du bien. C’est beau comme ça devrait. Il y a avait plus de kabrit sur le tarmac que de moun dans l’aéroport. Le chauffeur m’attendait et on s’est vite rendu à la réunion. Après, on repartait en voiture vers les Cayes. 4 heures d’une route infernale mais magique pour les yeux. Des dizaines de grands oiseaux de proie planaient à la recherche de poules. Une route qui, par un financement canadien, est en voie d’être refaite. Les petits bouts agrandis ne sont pas encore parfaitement rechaussés, mais on sent que la chose va changer la vie. Terminée, on passera d’une ville à l’autre en moins de 90 minutes. Aujourd’hui, le 4 heures est resté la norme à cause des pauses forcées par les travaux ou les croisements impossibles dans les sections trop serrées des anciens tronçons. Les passagers de l’autobus qui nous devançait ont été forcés de décrocher les poules et les kabrits qui étaient attachés aux fenêtres, pour pouvoir croiser un autre autobus. Le plus frappant sur cette route est le nombre de camions de charbon de bois qui sortent de la Grande-Anse pour aller vers les Cayes ou Port-au-Prince. Une collègue donne deux ans à cette forêt (une des dernières du pays) disparaisse complètement, comme ailleurs sur le territoire. J’estime le tout à 5 ans juste parce qu’il faudra encore près de deux ans pour que la nouvelle route soit complètement terminée et ouvre le corridor d’un grand déboisement. À Morne André, il y avait une grande affiche qui informait la population que la zone était à risque de glissement de terrain en plus de donner les principaux conseils. Une belle grande affiche en français. Je me disais que ce n’était pas trop grave, personne ne sait lire.

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