mardi 2 août 2011

Bokor


À 5h15 ce matin, mon téléphone sonnait. Une haïtienne qui voulait parler à Osnel ou à Odnel, je n’ai pas trop bien compris. Réveillé de la sorte, mon système auditif a tendance à dérailler. Au même moment, j’entendais une voiture quitter la maison. Je savais que le chauffeur avait dormi dans la voiture, deux étages sous notre chambre. Il a peur du nouveau gardien de sécurité du bureau. C’est un bokor (ou bòkò). Les chauffeurs du projet sui sont appelés à travailler en soirée dorment généralement au bureau. Les tap-tap se couchent vers 20h00, pas moyen de rentrer chez soi. Il y a donc un chambre aménagée pour eux dans nos locaux. Sauf que depuis l’arrivée de ce nouveau gardien de sécurité, la chambre est moins utilisée. Le chauffeur préférait donc se rendre chez moi avec la voiture et y dormir jusqu’au petites heures, que de donner la chance à ce bokor de lui faire du trouble, de s’installer dans ses songes, de le zombifier. Parce que dans le vaudou, les bokor sont puissants. Ils servent les loas en contrepartie d’une petite rémunération. J’ai lu qu’ils pouvaient tout autant participer au vaudou bienfaiteur qu’à celui plus maléfique. Généralement toutefois, on les associe aux mauvais sorts. On peut trouver la chose sympathique dans notre tête de blanc pas trop versé dans l’animisme, mais ce même gardien s’est déjà fait montrer la porte d’un autre bureau. On ne sait pas si vraiment s’il avait mis en scène quelques rites propres à sa fonction de bokor, ou c’est le stratagème déployé par ses anciens collègues pour le pousser vers la sortie, mais une chose est certaines, les chauffeurs s‘organisent pour dormir ailleurs !!

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Moi je trouve ça pratique un bòkòr comme gardien de sécurité. Après avoir engagé le mien (j'ignorais qu'il était bòkòr), j'ai demandé aux autres s'il allait se faire respecter par les gens à qui il allait refuser l'entrée (il n'est pas armé). On m'a répondu avec un sourire entendu que personne n'allait oser entrer sans sa permission .

Anonyme a dit…

Par contre, mon maçon qui est aussi bòkòr a failli se faire tuer (par balle) parce qu'on lui attribue des mortalités dans le village. Et à chaque nouveau décès les preuves s'accumulent... Il a dû déménager. Il n'y a rien de parfait .