vendredi 8 juillet 2011

Questions

À suivre le cours des évènements de la vie politicienne haïtienne, quelques questions pop pop (ou pop popent pour les puristes !!) dans ma tête. En premier lieu, que veut vraiment le nouveau président ? J’ai discuté avec un expert de l’analyse politique il y a quelques jours qui se questionnait sur la stratégie Martelly : Est-il vraiment malhabile au plan politique pour proposer un (maintenant deux) premier ministre qui n’a pas de chances réelles de charmer les parlementaire, ou est-il à ce point machiavélique pour pousser sénateurs et députés à refuser toutes ses propositions au cours des prochains mois et créer ainsi une crise politique telle qu’il serait légitimé de dissoudre les deux chambres ? La suite logique n’est pas évidente : Il se lance dans des législatives qui lui donnent le contrôle du parlement ou on s’enfonce dans une dictature. Deuxième question, peut-on réellement appuyer la vie politique d’un pays sur une constitution qui impose un partage des pouvoirs, alors que l’idée du bien commun n’a pas de prise dans la culture politique du pays ? Je sens que j’ai besoin de m’expliquer … Je comprends de la constitution de 1987 qu’elle a été écrite par des individus qui voulaient à tout prix que l’époque fraichement révolue (la dictature duvaliériste) ne puisse jamais se reproduire. On a donc partagé des pouvoirs réels entre la présidence et les deux chambres (on a même interdit qu’un président puisse assurer sa fonction en deux mandats consécutifs, comme si on ne pouvait la différence une continuité présidentielle et une présidence à vie !!), ce qui rend l’exercice politique hautement chaotique. J’ai mis les pieds dans ce pays il y a trois ans et à l’époque, les parlementaires avaient refusé deux candidatures de premier ministre avant d’accepter Michèle Pierre Louis en septembre 2008. Un peu plus d’un an après, les parlementaires lui retiraient leur confiance pour permettre l’installation d’un nouveau gouvernement 100% Inite (les élections législatives avaient donné le contrôle des deux chambres au parti de Préval). Quelques mois plus tard, la vie politicienne a été bouleversée par ce fichu 12 janvier 2010, la stabilité s’étant enfin installée dans un contexte de stagnation devenu encore plus lucratif par cet investissement international gargantuesque. Sur ce point, Martelly s’est publiquement questionné sur l’impact des 4 milliards dépensés (il serait plus judicieux de dire ‘engagés’) depuis le séisme en rappelant qu’il avait fait de la lutte à la corruption l’un de ses principaux engagements...!!! On me semble donc assis sur une constitution qui favorise davantage l’instabilité politique, qu’elle ne propose un équilibre qui permettrait réellement de reconstruire (construire disent certains) cet Ayiti cheri. La dernière question, qui s’inscrit dans la continuité logique des deux précédentes, m’a été posée par un ami haïtien avec qui je partageais une pizza inmangeable : « Ne devrions-nous pas revenir à la dictature ? » Question tout aussi indigeste que la pizza pour un blanc du nord comme moi, mais question que plusieurs ayisien se posent. Terminé la pagaille stérile à laquelle se livrent les parlementaires et les partis, un président stable qui a le pouvoir de faire les réformes attendues. Bien évidemment, tous souhaiteraient que cette nouvelle dictature soit bienveillante et favorise le bien commun. Comme si on demandait à un loup de garder le poulailler, ce n’est peut-être pas impossible, mais ça me semble contre nature.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

La constitution de 1987 a été faite pour que le parlement puisse protéger le peuple contre un bandit de président. Malheureusement, ce qu'il faudrait aujourd'hui c'est une constitution qui permettrait au président de protéger le peuple contre un parlement de bandits .

Anonyme a dit…

J'ai l'impression que le président sait que le peuple serait trop heureux de le voir dissoudre ce parlement de (modération). Il va continuer à proposer des mulâtres (en plus Gousse a traité les parlementaires d'illettrés ce qui est assez sympathique) jusqu'à ce que les refus répétés lui donnent un prétexte pour le faire. C'est juste une hypothèse (mais c'est ce que je ferais à sa place) .