samedi 31 juillet 2010

Des morrons

Ce n'est pas français je sais, mais quand on parle d'un morron, on sait de quoi on parle. Un idiot, un imbécile ou un colon (dictionnaire des québécismes) qui trouve le moyen d'être fier de lui. Dans la logique de Bourdieu, on dirait un gars au gros capital économique et au capital culturel inexistant. Ces ostis de morrons font malheureusement partie de nos vies, qu'on soit à PAP ou à Mtl. Il y en a quelques uns dans mon quartier qui le samedi et le dimanche, font aller leur 4 roues pas de silencieux. Le casque coloré pour 'fiter' avec le manteau et le pantalon, ils font du bruit à descendre et à monter la même … de pente. Des criss de morrons. À la mer aujourd'hui, on a eu droit à tout une bande de morrons. La plage 'commerciale' que l'on visite quand on a envie de faire moins d'effort. Un des morrons arrive avec sa moto-marine et en sort un système de son branché sur une petite batterie portative. Nos amis de Canadian Tire auraient été jaloux … Du chikaboum à vous faire rêver à Céline ! Une bande de suiveuses et de suiveux qui s'installent autour de la machine polluante pour profiter de la musique. Tout ce beau monde se fait aller le maillot et tient hors de l'eau, une cigarette dans la main gauche et gobelet de 'plastique' rempli de bière dans la main droite. Pour les 'ceuz' mieux 'capitalisés', un cigare et du whisky ! Le gobelet de plastique et le mégot se retrouvent à l'eau bien évidement. On commande des huitres, des langoustes, du lambi ou du crabe qu'on leur amène dans des assiettes de styromousse qui elles aussi flotteront sur l'eau dans les prochaines minutes ! En plus de nous obliger à entendre leur musique, à sentir le fuel de la machine, l'odeur des cigares et du Coppertone, on devra se baigner entre les déchets. La démocratie et la loi du nombre ne faisant qu'un, on a terminé notre escapade plus tôt. Des criss de morrons. Je pensais à ces haïtiens qui se servent de la rue comme poubelle et je me disais que l'expression 'Ru la sè salon pep la' pourrait être modifiée pour 'Ru la sè poubel pep la' ! Désolé.

vendredi 30 juillet 2010

Mieux vaut rester calme

Une collègue sort de l'épicerie ce matin. Dans le fouillis des rues de PAP, le gardien de sécurité du market l'aide à reculer sa bagnole. Un passant … passant derrière la bagnole s'estime heurté et fait éclater la vitre arrière d'un violent coup de poing. Le timoun dans la bagnole n'est pas moins effrayé que sa mère. Le gardien de sécurité épingle le gars et les policiers qui débarquent amènent tout le monde au commissariat. Rapidement, on décide que le gars est coupable et que s'il ne rembourse pas la vitre arrière, on lui trouve un lit en prison. La panique s'installe et il téléphone à sa soeur quelque part aux USA ou au Canada pour qu'elle transfère la somme nécessaire. Une heure après, tout est réglé, le gars est libre et ma collègue a ce qu'il faut pour payer le remplacement de la vitre arrière de son 4X4. Selon certaines organisations internationales (PNUD, CIDH, FIDH, Amnistie, …), plus de 80% des personnes qui croupissent (le choix du verbe est juste !!) dans les prisons haïtiennes n'ont jamais été jugés. 98% dans certains centres de détention. Des prévenus en attente de procédures judiciaires pendant des années, jusqu'à 10 ans ! Les conditions de vie sont effroyables : la prison pour femme de Petion-Ville construite pour 30 personnes compte plus de 300 détenues. Ou on reste calme ou on a une soeur capable de nous transférer de l'argent rapidement.

jeudi 29 juillet 2010

Aidants à la recherche d'aidés


Désolé pour les lecteurs français, ma référence est typiquement québécoise. Je me souviens (ça itou c'est québécois !) d'un sketch de RBO (Rock et belles oreilles, un groupe humoristique) où M Caron recevait chez lui des témoins de Jéhovah. L'absurde avait amené RBO à faire en sorte que c'est M Caron qui retenait chez lui des témoins de Jéhovah qui voulaient pouvoir s'enfuir. De mémoire, l'enfer des convaincus durait plus d'une journée… Cette image absurde tournait dans ma tête aujourd'hui quand j'entendais un partenaire haïtien tenté d'expliquer à un blanc que son aide n'était pas pertinente. Le blanc en question voulait offrir des services d'ingénierie afin de faire le bilan des structures et proposer un plan de reconstruction des édifices. Au téléphone, mon partenaire tentait de se sortir du pétrin.

- C'est déjà fait monsieur, on a eu trois équipes différentes pour évaluer les édifices affectés et les trois équipes nous ont fourni des rapports qui concordent.

- …

- Je ne peux pas vous donner ce genre d'information technique. J'imagine que les deux équipes françaises et l'équipe américaine qui ont fait les évaluations utilisaient le genre de technique d'évaluation à laquelle vous faites référence. Je ne suis pas ingénieur et je présume que ces équipes étaient compétentes.

- …

- Comme je vous l'ai dit, on ne souhaite pas recevoir un troisième rapport d'inspection de nos bâtiments, on compte déjà trois évaluations.

- ...

- Pour l'évaluation des coûts de reconstruction, on a pas une information complète dans la mesure où nous n'avons pas encore terminé de déterminer nos besoins. Il y a déjà une équipe canadienne qui nous appuie dans cette analyse. On devrait terminer cet exercice dans les prochaines semaines.

- …

- Vous avez déjà construit ce genre d'édifices et vous connaissez déjà les coûts ?!

- …

- Écoutez, je comprends que vous avez une bonne expertise dans ce genre de travaux, mais on préfère faire une analyse plus approfondie avec les différents secteurs de notre organisation afin d'avoir un projet qui correspond réellement à nos besoins.

- …

- Si vous voulez, on peut effectivement se rencontrer. Je vous rappelle toutefois que nous sommes déjà bien avancés dans notre réflexion avec l'équipe du Canada.

- …

- Bon, on peut se rencontrer dans nos locaux temporaires au ..., je vous monterai les évaluations produites par nos autres partenaires et le travail que nous menons sur l'évaluation des besoins.

- ...

- C'est parfait, à demain.

'J'espère qu'il va se perdre !!' a simplement laissé tomber mon partenaire une fois certain que son téléphone était bien éteint.

mercredi 28 juillet 2010

La fin d'un cimetière


Depuis bagay la, il y avait cette chose qui m'impressionnait. Un cimetière complètement rasé par des bulldozers. En Ayiti où l'animisme pousse dans tous les sols, même ceux de béton, je ne comprenais rien. Le mur du cimetière de Petion-Ville était tombé au moment du tremblement de terre, mais la majorité des monuments avaient conservé leur apparence. Jean-Claude me raconte qu'ils vont faire un terminus de tap-tap. Un terminus !? J'imaginais une mairesse opportuniste et dynamique qui avait profité du grand choc pour faire raser l'affaire et changer la vocation du terrain. Impossible de faire ce genre de manoeuvre politique en Ayiti sans s'attirer beaucoup de problèmes. À moins que l'électrochoc du 12 janvier fasse encore son effet. On m'a expliqué que la mairesse chérissait ce projet depuis des années et qu'elle avait négocié avec les familles quelques mois avant le 12 janvier pour le transfert du cimetière. Il parait qu'elle aurait tiré avantage du tremblement de terre pour faire financer la fin de la démolition. On attend toujours le début de la construction de cette nouvelle station de tap-tap. Le dossier est peut-être sur la table de la CIRH !

mardi 27 juillet 2010

Après un pasteur, un rappeur !


Samedi soir dernier, on soupe chez des amis. Comme toujours, le sujet de conversation est Haïti. Rien à faire dans ce pays, on ne parle que de ça. Même lors de la coupe du monde, on ne parlait que des deux enfants du pays qui étaient en Afrique du Sud et jouaient pour leur nouveau pays d’adoption, ou encore de la seule participation d’Haït (1974) à la coupe du monde et du but qui a fait l’histoire, celui d’Emanuel Sanon contre un gardien italien qui n’avait pas été déjoué depuis 19 parties. Dans les sous-thèmes abordés, il y a eu cette rumeur de la participation de Wyclef Jean (The Fugees) à la course à la présidence d’Ayiti. ‘Après un pasteur, pourquoi pas un rappeur ?!’, Jo est arrivée a fait rire tout le monde. Une grande star mondiale du rap, Wyclef Jean est devenu un espèce d’emblème national pour la population haïtienne. Il se draperait dans le drapeau dès qu’il en a la chance, même s’il a quitté le pays à l’âge de 9 ans. En 2005, il a créé Yele Ayiti, une organisation très active auprès des jeunes des quartiers les plus défavorisés. Le gros enjeu concernant sa candidature concerne la constitution, plus spécifiquement la définition des critères pour se présenter à la présidence :

Être haïtien d'origine et n'avoir jamais renoncé à sa nationalité : Pas certain… le pays ne reconnaît pas la double nationalité, ce qui force plusieurs personnes à ‘perdre’ leur nationalité haïtienne dès qu’ils en acceptent une autre. Je ne connais pas personnellement M. Jean, mais j’imagine bien qu’il détient tout de la nationalité américaine, l’enjeu est de savoir s’il souhaite déchirer son passeport américain.

Être âgé de trente-cinq (35) ans accomplis au jour des élections : Sur cette question, ça ne pose pas de problème, à moins que ses parents aient quitté le pays sans les papiers de naissance officiels de leur fils-future-vedette. Il faut savoir qu’ici, plusieurs personnes n’ont aucune idée de leur date de naissance et que les registres civils sont souvent inexistants ou inopérants. Depuis le tremblement de terre, ce problème est encore plus criant. Partons du principe que ce n’est pas le cas pour Wyclef.

Jouir de ses droits civils et politiques et n'avoir jamais été condamné à une peine afflictive et infamante pour crime de droit commun : Ce serait OK pour les condamnations selon les infos que j’ai glanées sur le net. Pour la jouissance des droits civils et politiques, voir le point plus haut sur la citoyenneté.

Être propriétaire en Haïti d'un immeuble au moins et avoir dans le pays une résidence habituelle : Bonne question, est-il propriétaire d’un immeuble et a-t-il une résidence habituelle ici ? C’est sans compter le problème des documents fonciers pour confirmer son statut de propriétaire. Pour la résidence habituelle, je ne gagerais pas une gourde !

Résider dans le pays depuis cinq (5) années consécutives avant la date des élections : Là, ça frappe fort, la fin approche...

Avoir reçu décharge de sa gestion si on a été comptable des deniers publics : Pa gen pwoblèm.

Disons donc que Wyclef Jean a quelques morceaux de béton à contourner pour arriver dans la course et qu’à première vue, sa candidature apparait illégale. ‘Labadie ! T’es trop naïf, penses-tu vraiment qu’on applique aussi simplement notre constitution. Si des gens bien placés y voient un intérêt, la constitution sera contournée. Ne t’inquiète pas pour lui’.

Le labyrinthe


À plusieurs égards, les rues de PAP sont un espèce de labyrinthe où se perdre relevait d’une grande facilité. Des sens uniques sans indication, des noms de rues absents, une progression chaotique de la numérotation des maisons. De dire quelqu’un de venir te rejoindre au 64 de la rue Pavé, c’est un peu comme indiquer à un ami de venir te rejoindre sur ‘le gazon’ des Plaines d’Abraham … Ce labyrinthe semble maintenant s’installe dans la vie de l’industrie de la reconstruction. Le Monde d’hier (http://www.lemonde.fr/planete/article/2010/07/26/les-debuts-chaotiques-de-la-commission-pour-la-reconstruction_1392180_3244.html) parle du début chaotique de la CIRH et met en perspective le fouillis devant lequel les gens se retrouvent. La CIRH qui n’arrive pas à commencer, seulement une seule réunion réelle de travail depuis la première présentation officielle du 22 juin. Faute de quorum la semaine dernière (peut-on réellement imaginer ce genre de contexte !!!), la deuxième réunion a été reportée au 17 août. Il y aura sûrement un cyclone pour empêcher les membres d’atterrir !! Ajouter à ce problème les milliards promis qui n’arrivent pas, pendant que les ONG dépensent les 2 milliards de $US amassés sans qu’on sache où, combien et comment ! Selon le Disaster Accountability Project, seulement 6 des 197 ONG qui ont mené des campagnes de financement dans les semaines qui ont suivi bagay la, produiraient des rapports permettant de suivre l’argent donné par le public. Dans Le Devoir d’il y a quelques jours, le maire de PAP notait qu’il n’y avait pas de gouvernance de la reconstruction… Pis on voudrait reconstruire la gouvernance d’Ayiti !

samedi 24 juillet 2010

Gras a Dye

Elle travaillait là où tout a commencé, le market qui avait l'air d'un mille feuilles le 12 janvier à 16h54 (http://jeanfrancoislabadie.blogspot.com/2010/01/premier-tremblement-de-terre-xieme.html). Une charmante caissière, le genre de jeune fille qui s'embellissait dès qu'un sourire de timidité apparaissait sur son visage. Un oeil qui, très légèrement, se fout de l'autre. J'allais au market presque tous les jours et croisais donc ce petit sourire qui me saluait. J'avais imaginé que sa beauté s'était évanouie sous les dalles de béton jusqu'à ce que je la croise hier midi dans un autre market, toujours derrière une caisse. La mort n'a pas pris son charme, il y a même la vie qui pousse sous son nombril. Une bedaine de presque six mois… Le même sourire timide m'a salué et m'a dit, 'Je n'ai pas travaillé cette journée là, Gras a Dye !'

jeudi 22 juillet 2010

Dettes pour dettes


Les questions d'argent sont toujours plus compliquées que la comptabilité. C'est peu dire ! Le FMI vient d'annoncer l'effacement de la dette de 268 millions qu'Haïti avait contracté auprès de lui. Dans le même communiqué, on apprend qu'Haïti contracte en même temps une nouvelle dette de 60 millions (auprès du même FMI) selon des modalités comptables que je ne suis pas du tout sûr de comprendre. N'en étant qu'au début de mes apprentissages en météorologie, faudrait pas trop pousser le bouchon sur la comptabilité. En fouinant sur le net, je comprends que dans les derniers mois, on a écrémé la dette du pays de plus d'un milliard et après ce dernier coup, il en resterait près de 500 millions. On trouve plusieurs groupes pour demander l'annulation complète de la dette des pays pauvres très endettés (PPTE). Il serait en fait impossible de permettre à un PPTE de se sortir de son état de pauvreté avec un poids économique si imposant sur la tête. Ces groupes observent de plus que cet endettement ne s'est pas souvent transformé en services ou en biens pour la population de ces pays, mais qu'il aurait davantage permis à des dirigeants corrompus de se payer un yacht de plus. À la radio aujourd'hui, j'entendais un économiste de cette mouvance qui demandait effectivement l'élimination complète de la dette d'Ayiti. Il n'a pas été en mesure de s'empêcher de faire le parallèle avec le canular des 21 milliards de dollars qui a eu lieu sur le site du Ministère français des affaires étrangères et qui permettait de remettre sur la table la demande de remboursement faite en 2004 par Aristide au gouvernement français. L'histoire remonte au début de l'indépendance du pays. La France a réclamé 150 millions de francs à Haïti en conséquence des pertes économiques (trafic d'esclaves, sucre, …) liées à l'indépendance. Depuis 1825, Ayiti aura pris 122 ans à rembourser cette dette jugée illégitime par plusieurs. En 2004, quand Aristide reprend le pouvoir, on estime que le remboursement de ces 150 millions de francs de 1825 équivaut à la rondelette somme de 21 milliards de $US. Aristide fera une demande officielle de remboursement à la France.

mercredi 21 juillet 2010

C'est l'Afrique qui nous pousse les tempêtes !


On devrait s'en sortir, il semble que l'onde tropicale va nous épargner. Selon les dernières prévisions, il y a un léger déplacement vers le nord et la patente semble s'organiser de manière moins intense. Dans mon objectif de devenir aussi météorologue, je suis allé faire un tour sur wikipedia. Sur ce sujet comme pour un million d'autres, ce site est d'une utilité sans fin. Voici donc en ordre croissant la nomenclature des patentes* qui, ici dans les caraïbes, déversent de l'eau et dépeignent les cheveux, même ceux des noirs. Il y a premièrement l'onde tropicale, la perturbation, la dépression, la tempête et le cyclone (qui se subdivise en cinq niveaux). Chacune de ces catégories correspond en fait à un niveau croissant d'organisation des certains éléments propices au mauvais temps (pression, types de nuages, types de vents, ...). On parle de dépression tropicale quand la vitesse des vents est inférieure à 63 KMH, et de tempête quand ces vents varient de 63 à 118 KMH. Le niveau 1 des cyclones comporte des vents de 118 à 153 KMH, alors que le niveau 5 implique des vents supérieurs à 249 KMH. Les précipitations attendues en fonction des catégories passent de moins de 1,2 mètres pour la tempête, et atteignent plus de 5,5 mètres au cinquième niveau des cyclones. Pressez-vous à étudier, je fais un examen sur la matière dans dix minutes ! La chose la plus sympathique dans l'histoire est de constater que ces patentes partent d'Afrique pour arriver jusqu'ici. Elles naissent sur l'autre côté de l'Atlantique et prennent une forme plus ou moins organisée tout au long de leur voyage. Un espèce de trajet du négrier ... Je vous le dis, 'toutt est dans toutt !!'

*Pas le choix d'utiliser le terme patente, tous les autres vocables possibles (selon mon dictionnaire des synonymes) réfèrent à des catégories ayant déjà un usage spécifique...

Les complications se font attendre

Hier, le site du NHC (National hurricane center. http://www.nhc.noaa.gov/) nous annonçait l'arrivée d'une onde tropicale et selon le petit 'dessin' présenté sur la carte, on devait être en plein dedans pour deux jours. Hier, vers la fin de la journée, la pluie s'est mise de la partie et je m'imaginais naïvement que c'était le début de la flotte pour quelques jours. La pluie nous est tombée sur la tête toute la soirée et puis ce matin, le soleil et son copain le ciel bleu sont réapparus. Sur le site du NHC, on devrait pourtant être complètement sous l'onde tropicale !? Après avoir développé mes talents de sismologue, je comprends qu'il me reste beaucoup à saisir pour développer ceux de météorologue...

mardi 20 juillet 2010

Peut-être que les choses se compliquent !?

Le site du National hurricane center (http://www.nhc.noaa.gov/) a fait passer le risque de tempête tropicale de 10% a 60%... C'est peut-être la première occasion de tester les qualités anticycloniques des abris. Je vous donne des nouvelles dans les prochaines heures.

lundi 19 juillet 2010

Quelques petites données


Le Programme des Nations Unies pour le développement, appelé le PNUD dans ce monde d'acronymes, faisait une conférence de presse la semaine dernière afin de faire le point sur la situation du pays, six mois après le 12 janvier. Bien évidement, le PNUD a un bureau permanent en Haïti ! Le blokus étant souvent une occasion pour valider l'hypothèse qu'on peut tous les soirs se coucher un peu moins imbécile, j'ai écouté la conférence de presse question de parfaire mes connaissances et de m'endormir un peu moins … J'y ai glané quelques informations intéressantes sur PAP et son développement. Des choses connues comme une idée vague peut l'être, mais en plus, des détails. Voici le topo. Haïti comptait 3,1 millions en 1950 et on estimait sa population à près de 10 millions en 2010. Environ 3 fois plus de personnes. En comparaison, le Canada comptait 13,5 millions d'âmes en 1950 et un peu moins de trois fois plus en 2010 (34 millions). Une tendance plus ou moins similaire, même si les explications sont différentes : alors qu'au Canada le taux de natalité a baissé après le baby-boom, la croissance a été soutenue par l'immigration, ici, c'est un taux de fécondité qui ne descend pas qui explique cette progression. Le gros enjeu, c'est PAP : 144 000 en 1950, 720 000 en 1982 et près de 3 millions en 2010… Calculez vite et vous verrez la population de la capitale (la région de la capitale) se multiplier par 5 entre 1950 et 1982, et par près de 20 entre 1950 et 2010. Comme si Montréal était passée de 1 million de personnes en 1950 (1 036 000 personnes) pour atteindre 20 millions en 2010. Pour tenir la comparaison, la région métropolitaine de Montréal est passée de 1,5 millions en en 1950 pour atteindre 3 millions 60 ans plus tard. Pas 30 millions !! Imaginez le boulevard Métropolitain, on serait encore plus nombreux à être moins imbéciles…

dimanche 18 juillet 2010

Un vrai dimanche d'automne


Dans notre maison en montagne, là où il fait froid, ce dimanche a été comme ceux du mois de novembre à Montréal. Pluvieux comme seul un dimanche peut-être pluvieux. À la différence toutefois que les six portes du premier était ouvertes et que la noirceur ne nous a pas envahis à 16h00. Un dimanche ou seul le sofa est ton ami. Je ne suis pas météorologue (n'oubliez pas que je suis devenu sismologue dans les derniers mois !) mais je pense que nous sommes à préparer notre première manifestation de la période cyclonique. Une première onde tropicale approche actuellement Puerto Rico et viendra nous visiter d'ici 24 à 48 heures. J'imagine que ce que nous vivons aujourd'hui est une avant première, question de se préparer. Le site du National Hurricane Center (http://www.nhc.noaa.gov/) nous explique que cette onde a moins de 10% de chance de devenir un cyclone. J'ai passé l'été à visiter ce site l'été dernier, j'imagine que cette année ne sera pas différente. Ne nous énervons pas trop rapidement, mais ceux qui se sont construits des abris ont probablement une nouvelle épreuve à affronter dans les prochains jours.

vendredi 16 juillet 2010

Le corps caché


Il persiste toujours de ces histoires au sujet de bagay la. Un partenaire du projet est disparu dans les jours qui ont suivi le tremblement de terre. Blessé lors du grand chambardement, il avait été soigné sans trop de complication. Quelques jours plus tard, son état de santé s’est dégradé de manière telle qu’on l’a transporté sur le bateau-hôpital qui mouillait dans la baie de PAP. Depuis, plus rien. Ses proches cherchent toujours ce qui a pu lui arriver ! Ils ont la preuve de son embarquement, mais personne ne peut les informer de ce qui lui est arrivé pour la suite. A quitté le bateau vivant ou non ? Pour aller où ? Un patient perdu !? Aussi simplement que ça. Le week-end dernier, on entendait des amis qui racontaient des histoires de personnes qui sont toujours à la recherche de proches, probablement sous des bâtiments nettoyés ou non. Dans les semaines qui ont suivi le 12 janvier, Jo et moi avons été appelés à jouer un rôle auprès de québécois qui cherchaient un proche coincé quelque part dans PAP. On trouva les corps de deux de ces personnes dans les décombres de l’Hôtel Montana. Les contacts avec ces familles nous ont permis de saisir l’importance de ‘savoir’ ou de ‘voir’ pour arriver à faire le deuil. D’avancer vers la prochaine étape.

L'avenir


Il parait que le bonheur se mesure à l’étendue du sourire. La ‘lecture’ du sourire cette jeune fille peut nous laisser croire qu’elle n’est pas trop malheureuse, mais que ce n’est pas encore le bonheur. Ses pieds nus nous rappellent la situation de pauvreté dans laquelle elle, sa famille et sa population baignent. Vous allez me dire que l’argent ne fait pas le bonheur ! Peut-être, mais il en dresse minimalement certains contours. Je discutais avec un collègue bien rémunéré dans le contexte et qui doit dépenser plus de 4500 $US par année pour permettre à ses trois jeunes de continuer leurs études. Il en gagne moins de 12 000 ! Près de 40% de ses revenus pour offrir certains outils à ses enfants pour qu’ils s’en sortent :
- Le problème Jean-François, c’est que je sais que me enfants auront une vie plus difficile que la mienne, qu’à leur âge, mon avenir était meilleur que celui qu’ils ont devant eux. Pis le tremblement de terre n’aura qu’amplifier la situation.
- Quand même, à leur âge vous étiez sous la dictature !
- Effectivement. On faisait le deuil d’un million de choses, mais la société offrait des opportunités aux jeunes de mon âge.
- Même celle de faire la révolution…
- Tu vois, c’est ça un peuple sous-développé : ne rien avoir à offrir à sa jeunesse. Même plus l’énergie de se révolter.
- Pourtant, les raisons de brûler des pneus ne manquent pas en Ayiti.
- Il faut que tu penses la suite possible pour te révolter. Il faut que tu sois en mesure d’imaginer un avenir meilleur pour courir certains risques. Le nationalisme haïtien tire son essence du passé et est incapable de nous projeter une image de ce que l’avenir pourrait apporter. Rien pour nous mobiliser dans le changement.
- La solution ?
- C’est comme l’avenir de mes enfants, je n’en vois pas !
J’ai souvent ce genre d’échange avec mon collègue. Le plus étrange pour le blanc que je suis, c’est que ces propos n’altèrent en rien sa capacité à se battre pour faire évoluer les choses. Comme cette jeune fille qui réussit malgré tout à sourire à mon kodak…

mercredi 14 juillet 2010

Henri 1er, le Roi Christophe


Lui aussi a vu sa maison détruite par un tremblement de terre. Pas celui de 2010, mais celui qui a frappé Ayiti en 1842. Un palais appelé Sans-Souci qui devait aider le Roi à se convaincre qu'il n'en avait pas trop… Le sud du pays étant contrôlé par Pétion, le Roi Christophe dirige au Nord un gouvernement séparatiste. Assez certain que plusieurs personnes voulaient sa peau, il s'est fait construire la Citadelle La Ferrière pour mieux se protéger de ses ennemis. J'y suis allé pour une quatrième visite durant le week-end et je réitère l'idée que TOUT LE MONDE DEVRAIT VENIR EN AYITI VISITER CETTE CITADELLE (http://jeanfrancoislabadie.blogspot.com/2009/01/la-citadelle-du-roi-christophe.html). Le Palais Sans-Souci est moins imposant mais vaut tout autant le détour. Le tremblement de terre de 1842 a endommagé ce Palais qui selon certaines sources, rivalisait avec Versaille. Dans la continuité de sa folie des grandeurs, Henri s'est suicidé en se tirant une balle d'argent dans le coeur, fatigué d'être harcelé par ses ennemis. Ce petit trésor touristique d'Haïti (reconnu comme patrimoine mondial de l'UNESCO) fait actuellement l'objet de convoitise par les entrepreneurs touristiques. Reconnu comme l'une des seules vraies attractions touristiques du pays, on travaille actuellement à refaire la route qui nous amène à la petite ville de Milot où se trouve le Parc National historique qui abrite le palais et la citadelle. L'idée de Bill, le mari de madame Clinton, est de transporter en 4X4 les milliers de touristes qui viennent à la plage Labadie toutes les semaines, questions d'augmenter les retombées financières pour le pays. La partie n'est pas gagnée, il faut entre autres traverser la ville du Cap-Haïtien et trouver un moyen d'éviter à ces croisiéristes de se taper les dernières 20 minutes de marche. Une montée sudorifique. Même Bill a arrêté sa visite au Palais lors de son dernier passage, la Citadelle représentait un trop gros défi…

mardi 13 juillet 2010

Seule dans le vide


Dans les derniers jours, j’ai parcouru les journaux québécois (Le Devoir et la Presse principalement) au sujet des six mois du tremblement de terre. Une fête, ça se souligne ! Plusieurs articles, photos ou vidéos pour décrire l’évolution (ou non) de la situation de la population haïtienne depuis bagay la. Trois constats généraux : pas grand-chose a bougé depuis le 13 janvier, la situation est toujours critique pour la population et les pays n'ont pour le moment rien versé (ou presque) des sommes promises. Difficile de ne pas être d'accord avec le premier constat. Outre les actions non coordonnées des ONG, c'est plutôt le beau fixe. Le confort de la vie de campeur s'améliore, tout le monde y allant de son ingéniosité pour bonifier leur nouveau toit, dur ou mou. Le gouvernement est gelé, même à 40 degrés Celsius… Le deuxième constat est simple à faire et se révèle en même temps être une prophétie. Les problèmes de santé, les problèmes sociaux, la faim, la soif ou tout autre difficulté de la vie des ayisien ont été accentués par la catastrophe. Ce qui risque de leur tomber sur la tête au cours des prochaines semaines concerne les épidémies et … les ouragans. Si un Richard ou une Thérèse décide de passer quelques heures à décoiffer tout le monde, Ayiti redeviendra un sujet d'intérêt médiatique. Et finalement, le troisième constat, l'argent qui n'arrive pas. J'ai écrit il y a quelques jours (http://jeanfrancoislabadie.blogspot.com/2010/07/5-milliards-en-18-mois.html) que cette frilosité des pays amis ne me semblait pas trop grave dans la mesure où personne ne sait quoi faire de cet argent. L'important toutefois, est qu'ils n'oublient pas leurs promesses au moment venu, sinon la population sera seule dans le vide.

lundi 12 juillet 2010

La machine est relancée


La machine doit repartir aujourd'hui ! C'est ce que tout le monde m'a promis, même des policiers québécois rencontrés autour de quelques rhums samedi soir dernier. On attendait la fin de la Coupe du monde pour que la vie politique du pays soit relancée. Il parait que la température va augmenter sensiblement dans les prochains jours. On devrait donc voir le gouvernement commencer à s'activer (se réactiver ne serait pas juste selon un collègue !), la CIRH se mettre réellement au travail après trois mois de 'mise en forme', la société civile bousculer l'espace public et finalement, les candidats à la présidentielle sortir leurs plus beaux atours et les partis politiques déchirer leur chemise. Sur ce dernier point, le CEP (Conseil électoral provisoire, provisoire depuis près de 25 ans !) devait lancer le débat aujourd'hui, mais petits problèmes techniques… tout est remis à demain. Le gros enjeu est de savoir si des partis seront exclus des élections (le tiers du sénat et la chambre basse), ou de connaître ceux qui le seront. La grosse pointure dans l'affaire, outre l'Inite (L'Unité) du Président Préval, il y a le parti d'Aristide, Fanmi Lavalas. Exclus des dernières élections pour problèmes techniques (problème avec la signature du chef toujours en exil en Afrique du Sud) les membres du parti font tout pour rendre leur exclusion politiquement impossible. Toutes ces histoires dans un contexte où la communauté internationale devrait suivre l'affaire de plus près. Ça ne changera rien à la qualité de la démarche si on se fie au rôle joué par cette même communauté lors des dernières élections présidentielles. Un deuxième tout annulé à cause de 85 000 votes trouvés dans une décharge... Vive la démocratie !

vendredi 9 juillet 2010

Six mois plus tard


Un de mes collègues est dans le vide depuis six mois : ‘Je continue ma vie ici ou tente de m’en reconstruire une ailleurs ?’ La même question posée de manière aigue dans les semaines qui ont suivi bagay la, qui continue de se poser de manière lancinante depuis des mois. Des pays amis ont annoncé qu’ils allaient ouvrir les portes, mais probablement que les pentures ne sont pas bien lubrifiées. Ici, rien n’a été proposé à la population. Doit-il reconstruire sa maison ? Peut-il ré-inscrire les enfants dans un parcours scolaire qui leur sera profitable ? Est-ce que l’activité économique va permettre à sa femme de reprendre le travail ? Un trou noir dans ce pays de noirs. Je l’ai déjà écrit, parmi les avantages que la couleur de ma peau m’offre, il y a toujours cette option de rentrer à Mtl. Un luxe dans le présent contexte, un luxe qu’il n’a pas. Qu’il n’y ait rien de jouer six mois plus tard pour la grande majorité de la population est triste mais reste compréhensible dans le contexte politique haïtien et de son aide internationale permanente. Mais que mon collègue ne puisse percevoir aucune lumière à l’horizon, même infime, là est le drame. La catastrophe, c’est ce néant !

jeudi 8 juillet 2010

Enlève tes lunettes roses !!


Branché sur les différents sites de nouvelles du Qc et de la France, je constate qu’Ayiti reprend un peu de place dans l’espace médiatique. C’est la période des six premiers mois de la catastrophe. À peu près comme un anniversaire ! Les quelques dépêches lues semblent indiquer un mouvement de panique, le début d’un quelque chose. Des titres qui parlent de la frustration qui augmente, d’une situation toujours délicate, d’un état d’urgence maintenue, d’une autre crise annoncée, … Bizarre, bien assis sur mon poste d’observation, j’ai tellement le sentiment que le calme est plat (je sais que c’est le calme plat, mais la créativité est toujours permise !). En fait, c’est ce calme que je décrie silencieusement sur ce blogue depuis des semaines. Un calme désarmant alors que toutes les conditions sont réunies pour que la marmite saute, alors que pour les choses changent, il faudrait que ça saute ! Mes lunettes sont sûrement trop roses, je ne vois pas la même Ayiti que ces ONG qui font des bilans ‘six mois après’. Eux voient qu’elle explose. L’autre chose qui me frappe dans ces différents articles, est le niveau plus ou moins grand de la marge d’erreur des chiffres qui sont publiées. Disons simplement que le doute, cette qualité essentielle à toute intelligence, se gonfle dans mon esprit. La dernière petite affaire qui me chatouille en lisant ces articles (ou en lisant les sources desquelles ils sont tirés), c’est l’absence de comparaison pré-post bagay la. Par exemple, est-il si évident que l’accès à l’eau potable se soit détérioré depuis le tremblement de terre ? Même chose pour l’accès à certaines denrées, aux services de santé, ... Je comprends que nous avons besoin de dramatiser encore davantage (comme si c’était imaginable !!) la situation pour souligner l’importance de notre action actuelle, ou pour améliorer le financement de nos actions futures, mais il ne faudrait pas prendre des vessies pour des lanternes !

mardi 6 juillet 2010

Zones interdites

Il y a de ces zones que l'on ne traverse jamais. Que l'on ne traversera jamais. Ayiti, et surtout PAP, compte certaines de ces zones. Des coins de la ville où les blancs ne sont pas les bienvenus. L'enjeu est toujours de savoir qui détermine qui est un mesure de recevoir ou non une invitation. Dans certains cas, ce sont des ayisien qui te disent de ne jamais mettre les 4 roues de la machine dans ce quartier, et encore moins les 2 pieds. eux-mêmes évitent d'aller s'y promener. Dans d'autres cas, ceux qui crient aux loups sont des agences gouvernementales (l'ACDI dans notre cas) ou encore internationales (MINUSTAH). On s'appuie sur une nouvelle tendance observée dans la criminalité du secteur et on nous conseille d'éviter de s'y rendre. Peu importe le porteur de la mauvaise nouvelle, il vivote toujours des doutes dans mon esprit. S'ils se trompaient ? Si on exagérait la menace ? Si le respect de cette consigne me faisait louper un événement extraordinaire ? Les suites de bagay la drainent leur lots de mauvaises nouvelles plus ou moins confirmées et limitent notre capacité de bouger, rétrécissent encore davantage la grandeur de notre terrain de jeu. Toutes les conditions seraient réunies : Évasion orchestrée plusieurs centaines de prisonniers (en grande majorité des prévenus !!), perte de revenus pour des centaines de milliers d'ayitien et augmentation faramineuse du nombre de fortunes à dépouiller, les expats étant toujours de plus en plus nombreux. On ne sait plus trop comment se situer face à toutes ces menaces, ou à tous ces avertissements. On demeure prudent bien évidement, mais en même temps, mais il y a toujours ces petits regards qui nous invitent à abandonner nos réserves.

lundi 5 juillet 2010

Impatience américaine

Est-ce que les américains commenceraient à montrer des signes d'impatience ? Devant tous les vides qui remplissent l'espace social post-séisme haïtien ? Devant l'annonce d'élections qui n'annoncent rien de bon ? Plusieurs personnes ici reniflent cette odeur d'impatience venue du voisin. Ce voisin géant qui n'a même pas besoin de respirer pour qu'on renifle son haleine jusqu'ici. L'invasion américaine (1915 à 1934) reste une réalité très forte dans l'imaginaire historico-politique du pays. Réalité exacerbée dans les jours qui ont suivi le 12 janvier quand 10 000 marines ont foulé le sol d'Ayiti. Depuis deux semaines, ce sont les politiques américains (le sénateur Kerry en tête) qui envahissent l'espace ayisien. Ils n'en peuvent plus du fait qu'il ne se passe rien et blâment le manque de leadership du Président Préval. Ils écorchent la communauté internationale itou, ils ont observé un manque de coordination … Je vous dis, une vision transcendante ces politiques !! Ils en ont également contre la façon dont les prochaines élections ont été mises sur les rails. 'Ils se préparent à intervenir' me disait celui qui, par dessus mon épaule, lisait la série d'articles du journal Le Matin traitant du sujet. Pour d'autres, la stratégie américaine est simple : Discréditer la situation haïtienne afin de se libérer politiquement des engagements financiers américains associés à la reconstruction. Je ne sais pas quelle est la meilleure hypothèse pour expliquer ces sorties américaines, mais disons simplement que je partage ce diagnostic ! L'antiaméricanisme est une maladie trop répandue pour ne pas être aveuglante. Gardons les yeux ouverts !

dimanche 4 juillet 2010

Tristement intéressant

Jo m'a aiguillé vers ce texte publié dans le Nouvelliste. Une opinion tristement intéressante : http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=80866&PubDate=2010-07-02#Suite

Fêter la défaite


Non, cette photo n'a pas été prise lors des petites festivités qui suivent normalement une victoire du Brésil. Mais suivant la défaite de l'Argentine… Samedi midi, en pleine rue de PAP. En effet, hier, après la défaite du Brésil, il a régné sur PAP une ambiance de fin du monde. 'C'est pire que le tremblement de terre' m'a dit Jean-Claude, un rouge du Brésil. Son sourire me confirmait qu'il exagérait sa déception, mais quand même, une défaite du Brésil se vit mal. Trois personnes se seraient suicidées selon le journal local !! Les gens ont donc trouvé l'occasion de manifester dans les rues pour la déconfiture de l'Argentine face aux Allemands. Toujours le temps des réjouissances, surtout qu'on leur a enlevé le Kanaval cette année !!

vendredi 2 juillet 2010

Est-ce qu'il y a eu un tremblement de terre ? Plus de 225 000 morts ?


Question insultante pour des millions de personnes qui étaient à PAP le 12 janvier dernier. Même pour ceux qui ailleurs sur la planète y avait de la famille ou des amis. En fait, c'est le genre de réflexion que j'ai eue avec une collègue un peu déprimée lors de mon retour de vacances. La vie nouvelle a repris les mêmes allures que l'ancienne, le confort en moins. En apparence en tout cas. Le décor n'aurait que changé sans générer ce sentiment de l'urgence d'un changement, d'une amélioration. Le politique reste silencieux sauf pour crier des inepties. La population est au beau calme. La société civile respire la mort. La communauté internationale se concentre sur l'atteinte de ses résultats. Tout le monde bien paisible sur sa planète à respirer son air. Comme si le grand choc du 12 janvier n'avait rien bouleversé dans la vie de ce pays ou dans notre façon de l'appuyer, outre bien évidement quelques kilomètres carrés de terre, des centaines de milliers d'édifices et encore davantage d'humains. 'T'es naïf Labadie, il n'y avait rien avant, il n'y aura rien après. La vie reprend sa place jusqu'à la prochaine mésaventure'. Effectivement, je rêve à une révolte, à un coup de force. À une ou un leader capable de donner un sens à cette catastrophe. Un homme, une femme, une organisation, né ici ou ailleurs, on s'en fout. Quelque chose ou quelqu'un !

jeudi 1 juillet 2010

5 milliards en 18 mois


Les membres de la Commission intérimaire pour la reconstruction d'Haïti (CIRH) ont profité de notre départ pour les vacances pour tenir leur première réunion de travail. Il y avait plus de membres de la CIRH (26) que de manifestants. Une quinzaine selon le journal. Une quinzaine qui refusent l'implication de la communauté internationale dans le processus de reconstruction. Une tutelle désignée. Ils veulent bien des 10 milliards promis, mais il faudrait qu'on les mette à la poste sans poser de questions. Ils étaient 15, rappelons-nous en… La grande question de la journée était plutôt de savoir qui avait honoré ses engagements. La Norvège et le Brésil ont été identifiés comme de bons joueurs, mais pour les autres comparses internationaux, le silence. Seulement 150 millions seraient arrivés, sur les plus de cinq milliards promis pour les deux premières années. Les ayisien ont l'expérience de ces promesses qui ne se matérialisent pas. Pour dire vrai, ça ne m'énerve pas autant que certains dans la mesure où il me semble n'y avoir rien sur la table. Des milliards pour faire quoi ? Pour dépenser sur quelles priorités ? Je me répète, mais où est le plan ? Je ne parle pas de l'urgence de venir en aide aux milliers de déplacés, ça ne coûterait pas cinq milliards. Je pense plutôt à la redéfinition de PAP, de ses routes, de ses aqueducs, de la distribution de l'électricité, de la construction des hôpitaux, des écoles, des ministères. À la redéfinition du pays, de l'éducation de la population, du développement de son économie, du reboisement, … Des choses pour lesquelles on n'a pas à dépenser pas cinq milliards en 18 mois.