mardi 30 novembre 2010

Du cinéma

Ce matin, je regardais le pouce noirci d'une collègue noire (l'encre qu'on appose sur le pouce des gens qui ont voté pour éviter que la même personne ne vote deux fois), une de celle qui a bravé tous les risques pour aller voter.
- On dirait un hématome ?
- Ouais … on s'est effectivement fait coincé le doigt dans cette machine ...
Les dindons d'une farce, plate, mais d'une farce quand même. En fait, le seul sujet de conversation depuis dimanche concerne les élections. Arriver à vous raconter comment les gens sont découragés du cirque pré et post électoral, ce serait impossible. Du cirque de cette communauté internationale qui courre tous les micros pour dire que tout s'est déroulé normalement, comme dans le meilleur des mondes ! Je tentais de deviner à quel genre de film on assistait. Pas un drame d'horreur, mais en fonction de certains événements… Sûrement pas une comédie romantique même si on peut penser que l'escapade Martelly-Manigat pourrait faire couler des larmes et en même temps accrocher un sourire aux cinéphiles. À certains égards, le film pourrait être une comédie satirique, mais la satire peut elle aussi dévoiler un mauvais goût que tout le monde reconnaitrait. Un drame social ? Trop faible comme description. Un film de série B ? Avec un budget de 30 millions… Comédie humoristique aurait été une bonne venue, mais quand on pense aux conséquences, on n'est davantage dans le drame psychologique. C'est ça, un drame psychologique. À voir la déprime de mes collègues haïtiens et la honte désespérée de certains expats que je côtoie, on est vraiment dans un drame psychologique. Un espèce d'Orange mécanique où les victimes se comptent par millions, alors que les coupables restent insaisissables.

1 commentaire:

Zadig a dit…

(...)coupables restent insaisissables. On dirait des fantômes... Est-ce que l'on connait au moins les groupes, les alliés ? Je serai en Ayiti le 5 janvier. Je ne sais pas à quoi m'attendre et en fait, c'est très bien ainsi.