lundi 15 novembre 2010

Bagay yo chofe (ça chauffe )


Vu du ciel, le ciel bleu était très beau. Assis dans cette machine à voler, on se dirige calmement vers la piste d’atterrissage de l’aéroport du Cap-Haitien. Il fait beau et le vol est calme, à moins que ce ne soit il fait beau ‘parce que’ le vol est calme. En sortant de l’aéroport, je cherche le chauffeur qui devait m’attendre. Pas là. Pas son style ?? Je le rejoins au téléphone pour apprendre qu’il est terré au Cap, impossible de sortir de la ville pour venir nous cueillir. Des manifestants et la Minustah s’affrontent. Coups de feu, pneus qui brulent, gaz lacrymogène barricades. Impossible de quitter le centre-ville. Impossible également pour les gens de Fort-Liberté (Département du Nord-Est) où on avait réunion puissent venir nous rejoindre. Les rues sont bloquées. Il est 8h15 du matin et on s’installe dans l’aéroport pour attendre. Entre 10h00 et 12h00, les troubles se déplaceront autour de l’aéroport. Nos oreilles entendront plusieurs coups de feu et on respirera un peu de vapeur de gaz lacrymogène. Toutes les hypothèses sont sur la table, je l’ai écrit des centaines de fois sur ce blogue Haïti pays de rumeurs. La plus rapide à se manifester est que le parti au pouvoir vient de lancer des troubles dans tout le pays, les sondages ne déroulant pas le tapis rouge pour son candidat, vaut mieux tout mettre en place pour annuler le scrutin du 28 novembre. Selon une autre source, seule la ville du Cap est concernée par ces troubles ‘soudains’. L’autre explication veut que la population du Cap se soit révoltée à la vue ce matin du corps d’une jeune fille de 16 ans morte du choléra. On en voudrait à ce gouvernement qui dépense de millions pour la campagne de son poulain au lieu de prévenir le choléra et soigner les gens. Dans une dernière hypothèse (‘dernière’ hypothèse est présomptueux !!), la population en veut à la Minustah qui aurait apporté cette fichue bactérie dans le pays. C’est toutes ces réponses de me dire Asefi en lisant par dessus mon épaule. À 12h30 c’est confirmé, on ne quittera pas le Cap aujourd’hui et on ne sait toujours pas si on sera forcé de passer la nuit sur les confortables banquettes de l’aéroport… 14h45, l’aéroport s’est presque totalement vidé. Le chauffeur est toujours coincé au Cap et ne peut venir nous chercher, la fumée noire des pneus qui brulent se fait voir à plusieurs endroits entre la ville et l’aéroport. Un ingénieur de l’EDH qui patientait avec nous depuis le début de la journée a réussi à rejoindre de ses collègues qui viendront à pied nous chercher. On allait donc devoir se rendre à l’hôtel à pied. En passant pas des petites rues que seul un local peut connaître, on prendra près d’une heure pour se retrouver en sécurité à l’hôtel. Drôle de voyage dans cette ville tourmentée. Disons simplement que notre passage sera hautement remarqué, en matière de discrétion il nous en reste beaucoup à apprendre...

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