mardi 11 mai 2010

Le petit peuple aux allumettes


Depuis quelques semaines, le niveau d’énervement politico-social grandit de manière continue au centre-ville de Port-au-Prince. Disons que dans la catastrophe, il y a eu la catastrophe. Hier (lundi), on a eu droit à une grosse journée de manifs. Ils ont réuni sur un même plateau tout ce qu’il faut : la vie dans les camps, la loi qui prolonge à 18 mois les mesures d’urgence, la création d’un comité intérimaire (50% haïtien/50% blanc) responsable de la reconstruction et de la gestion des milliards qui sont dans la poste, la reprise des cours, le président qui joue sur sa date de sortie, les élections sénatoriales et présidentielles de l’automne prochain, le retour d’Aristide comme ‘simple citoyen’, la cherté de la vie, … Dans la configuration de la ville, on n’est pas vraiment tourmenté par la tourmente. C’est comme si les troubles avaient lieu près de l’Hôtel de Ville de Montréal, que je travaillais à Ahuntsic et demeurais à Laval…. (Désolé pour ceux qui ne connaissent pas Montréal !) Le seul problème que ces troubles nous posent, c’est le report de réunion. J’ai l’habitude de descendre au centre-ville tous les jours, je dois donc rester au bureau quand ça chauffe. Ou encore quand on pense que ça pourrait chauffer. Le niveau de pré-panique varie en fonction des organisations. Même si cette forme d’expression de frustration n’est pas la plus constructive, ou malgré les motifs réels des manifestants, je ne peux pas dire que je ne partage pas une certaine colère de mes nouveaux amis. Aujourd’hui, une expat nouvellement arrivée en Ayiti me disait qu’elle était surprise (trop tôt pour être découragée !) de constater l’absence des autorités politiques dans la vie médiatique du pays. S’il faut quelques carcasses de voitures calcinées pour que ces gens sortent de l’ombre, laissons le peuple sortir les allumettes.

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