samedi 13 mars 2010

Retrouver son statut de travailleur dans les décombres


Potopwins a toujours grouillé de personnes pour venir te demander des kob (de l'argent) pour manger ou faire manger la famille, de kidlib (des enfants abandonnés) qui t'attendent à l'entrée des épiceries, restos ou bars pour surveiller ta voiture. On peut même la laver si tu veux. La pauvreté est comme l'air en Ayiti, elle est ambiante ; il faut se souvenir qu'avant bagay la, 80% de la population vivait avec moins de 2 $US par jour et qu'on comptait un taux de chômage de près de 70 %. Bagay la (certains l'appelleraient aussi l'Artiste dans la mesure où il aurait re-dessiné la ville) a également fait trembler les colonnes de l'économie. Le taux de chômage aurait bondi à 90% selon le président, 50% de l'activité économique serait sortie sur le cul de l'aventure. La femme d'un collègue a été informée le 15 janvier qu'elle recevrait un chèque pour couvrir les 12 premiers jours du mois et que tout était terminé, on mettait la clé dans la porte. Télé-Haïti (le Vidéotron local) n'a plus de poteau pour faire passer le signal et n'est pas certaine de relancer ses activités, des milliers de travailleurs à la rue. Le vieux centre-ville fourmillait de petits commerces (pièces d'autos, vêtements, souliers, appareils électroniques, …) qui accumulent aujourd'hui de la poussière sous les dalles de béton. Dans le domaine de la santé, la présence en masse des ONG (qui offrent des services gratuits) pousse à la porte les employés des hôpitaux et cliniques privés. Une partie de l'agriculture du pays ne trouve plus preneur, les banques alimentaires se chargeant de nourrir la population. La situation fait donc en sorte que les demandeurs de tikob et les 'surveilleurs de machine' sont aujourd'hui beaucoup plus nombreux. J'ai reçu au bureau cette semaine cinq personnes venu me donner leur CV. À un feu rouge hier midi, quelqu'un est venu me demander si je ne pouvais pas lui trouver du travail, le sien s'est écrasé. Il faudra beaucoup d'imagination à je ne sais pas encore qui, la communauté internationale où l'État haïtien, pour stimuler l'activité économique et aider ceux qui avaient atteint le statut de travailleur à le reprendre. Pour le moment, on dirait que les deux dorment.

2 commentaires:

framboise a dit…

certains crient pourtant haut et fort que maintenant il faut relancer les "richesses" du pays que ce soit dans le domaine des compétences humaines ou de l'agriculture
qui est sourd?qui ne crie pas assez?

framboise a dit…

oups j'ai fait des fautes d'orthographe dans 2 commentaires