lundi 22 mars 2010

Cash for work


Dans la réalité du syndicalisme, une jaune est un briseur de grève. Disons que dans la logique binaire qui prévaut en ce bas monde, le jaune est l'ami de certains, l'ennemi d'autres. Ici, les travailleurs au maillot jaune sont ceux du programme 'cash-for-work'. 85 000 travailleurs à qui les organisations internationales donnent 180 gourdes par jour (autour de 5$ dans le contexte) pour faire du boulot défini par les municipalités : Nettoyer les rues, déblayer les sites détruits, … En passant, 180 gourdes par jour correspond au salaire minimum pour une grande partie des travailleurs d'Haïti (http://jeanfrancoislabadie.blogspot.com/2009/06/le-salaire-minimum-leffet-minimum.html). Comme pour le reste, ce programme cash-for-work ne s'est pas installé facilement. Certaines personnes critiquent ces gens qui acceptent un travail alors que les organisations de la société civile haïtienne auraient pu recevoir les fonds et assurer une distribution du travail (donc du cash) auprès d'un plus grand nombre de personnes vivant dans les camps. Les idées vertueuses poussent ici plus rapidement que la mauvaise herbe sur les pelouses de Brossard ! Il y a eu quelques retards de paiement qui ont donné lieu à des manifestations de travailleurs. Certains employés municipaux se scandalisent qu'on leur vole leur travail… Finalement, les journaux nous parlent de la petite magouille entourant ce programme : Des gens qui ne travaillent pas et qui réussissent à recevoir un salaire. Sur le fond, on voit ces équipes à l'oeuvre un peu partout dans la ville et bien naïvement, on a enfin le sentiment qu'il se passe quelque choses pour commencer à dépoussiérer la situation. Ces programmes cash-for-work sont utilisés par les organisations internationales dans les pays où il y a ce genre de désastre. Ce n'est bien évidement pas très structurant comme aide, mais dans le contexte, on permet à près de 100 000 familles de mieux vivre pour la durée du programme. Ce qui me fait davantage sourire, c'est le nom du programme (cash-for-work) dans un pays construit politiquement et symboliquement autour de l'esclavagisme. Peut-on s'imaginer ici en Ayiti, ou ailleurs dans le monde, un no-cash-for-work ? On s'approche d'un pléonasme.

1 commentaire:

Gaudeline Sauriol a dit…

Merçi Monsieur Labadie, votre blog nous donne l'heure juste, sans sensibleries inutiles. Je vous lis attentivement, et j'essaie de voir clair. Vous nous aidez beaucoup à faire le point, à comprendre et à essayer de trouver des solutions d'aide et de partenariat intelligent et respectueux pour les Haïtiens. Toute les grandes catastrophes font réfléchir les mieux nantis, mais toutes les solutions proposées ne sont pas nécessairement les bonnes. Je prie pour que le peuple Haïtien et son gouvernement trouvent ensemble un moyen radical pour pour se sortir de ce cauchemard. Bon courage.