samedi 23 janvier 2010

Le défi


Imaginez une minute que vous deviez rénover votre maison et qu’en 2 jours, une bonne quinzaine d’entrepreneurs débarquent avec ouvriers et équipements. Tout en même temps bien évidement. Pas de contrat - ils ont décidé qu’ils n’en avaient pas besoin pour vous aider - et surtout pas de plan. Des électriciens, charpentiers, plombiers, … Pour compliquer les affaires, ces entrepreneurs ne parlent pas votre langue. J’ai participé hier en fin de journée au genre de meeting auquel vous auriez eu droit dans votre jardin. Une centaine de personnes dans une grande tente dans les quartiers des Nations Unies aux abords de l’aéroport. La chaleur ne voulait pas nous foutre patience (il fait encore 32 !) et la rencontre est ponctuée de pauses 'silence' au 3 minutes, des avions collent et décollent (à moins que ce ne soit atterrissent et désatérissent !). Il y a des gens de partout venu aider, tout le monde a sa spécialité, ses équipements, son hôpital, son secteur de la ville ou du pays. Les gens des nations Nations Unies tentent de coordonner l’incoordonable (j’ai décidé qu’en temps de crise, on a le droit d’inventer des mots !). Des organisations non gouvernementales (ONG), des gouvernements, des armées, des organisations religieuses, tout ce beau monde bien intentionné et compétent courent au plus urgent. Dans la pagaille et même dans le conflit. Coopération internationale peut aussi vouloir dire compétition internationale… L’acteur clé, présent mais impuissant, est l’État haïtien. Celui qui pourrait diriger cet orchestre improvisé, qui aurait un portrait détaillé du problème et des zones les plus touchées, qui pourrait définir ses besoins et son plan pour l’actuel et la suite. Il n’a ni les moyens ni les compétences pour diriger ces musiciens et c’est à mon avis le prochain grand défi de la communauté internationale. Les lui donner.

6 commentaires:

Jabiru a dit…

Tandis que tu pointes le niveau de faiblesse congénitale de l'administration d'Ayiti, l'ONU s'engage à ce que 220 000 Haïtiens percoivent cinq dollars par jour pour participer aux travaux de déblaiement, nettoyage et reconstruction après le séisme et ainsi «contribuer à revigorer leur économie».

Merci pour tes écritures quotidiennes sur le Oueb.
Jabiru

cotcinelle a dit…

Bon matin (si ça vous est possible)
c'est bien là que le fameux proverbe chinois s'appliquerait "donne un poisson à un homme, il pourra se nourrir une journée, montre à un homme à pêcher et il pourra se nourrir toute sa vie"...

Marico Renaud a dit…

À défaut de faire mieux, les gens donnent et beaucoup. Lors du spectacle d'hier soir (télévisé sur les grandes chaines en simultané, ondes radio aussi), plus de 6,5 millions ont été amassés au Québec seulement. On sent que le coeur y est! Et tout le monde ensemble, po ussons dans le c... de nos gouvernements.
Ce que tu écris fait tellement de sens et de bien. Je fais circuler. Bon courage et merci.

Dominique a dit…

Bonjour
je suis votre blog depuis quelques jours avec beaucoup d'intérêt, courage à tous, vu de France on ne sait quoi penser de la situation et on oscille au gré des images des médias
j'ai fait un billet il y a qq jours et j'en referai un avec un lien vers chez vous pour que chacun n'oublie pas quand les jours passent

Véro a dit…

Je suis votre blog depuis le début et il ne se passe pas une journée sans que je vienne prendre des nouvelles d'Haiti ici, et plusieurs fois par jour.
On se sent tout de suite plus proche malgré notre impuissance, malgré notre volonté mise à néant de débarquer pour aider, soutenir, reconstruire et... aimer...
Courage à vous tous, courage à toutes ces familles, à tous ces orphelins, à tout le peuple haitien.
MERCI pour toutes ces nouvelles et la manière dont vous les relater.

Luc Séguin a dit…

Je n'avais jamais vu les choses sous cet angle.

L'aide humanitaire internationale est urgente et souhaitable mais, tout de même, il y a un malaise. C'est comme si cette aide dépossédait encore ces gens qui pourtant n'ont plus rien.

Merci de témoigner.