mercredi 23 décembre 2009

Un poisson ça ne vote pas !


Les haïtiens sont sûrement un peuple très politisé. Je l’ai écrit souvent ici, la politique fait partie de la vie quotidienne des ayisien, un sport national. On en discute partout et n’importe qui peut vous raconter l’événement politique X qui est survenu en 1876 ! C’est tellement présent que la présidence sert de référence pour l’âge de plusieurs personnes : Faute de registre civil digne de ce nom, plusieurs haïtiens ne connaissent pas leur date de naissance mais ont une certaine idée de leur âge en fonction du président en place. ‘Ma mère mi disait que je sui né sous la présidence de X’. Pour Duvalier, ça complique un peu les choses, mais pour les autres, la marge d’erreur est nettement moins grande. Un peuple politisé qui ne vote pas… Comme si vie politique et élection ne faisaient pas bon ménage. Si le cynisme ambiant à l’égard des politiciens canadiens fait fondre le taux de participation d’élections en élections au cours des dernières années, les événements politiques qu’a connus le peuple ayisien depuis le départ de Baby Doc ont créé une désaffection jusqu’à atteindre moins de 3% aux sénatoriales du printemps dernier. Pour Cetoute, un partenaire haïtien (Cetoute est son nom de famille), le dernier changement de gouvernement opéré il y a quelques semaines est une autre de ces occasions de constater ce que veut dire dans un contexte politique l’expression ‘régime de bananes’. À l’inverse de ce qu’écrit une journaliste de La Presse dans le cadre de la visite du nouveau Premier Ministre dans le ‘pluss beau pays du monde’, on a viré la première ministre Pierre-Louis sur des accusations complètement démentes (elle serait responsable de la pauvreté dans laquelle se trouve la population, rien que ça !) et non à cause des 200 millions de $ volatilisés. En fait, plus un politicien ne parle de cette disparition. Cetoute me disait que le débat tenu lors de la destitution de l’ex-première ministre a été à l’image de ce que les politiciens du pays peuvent réaliser en matière de débat, c'est-à-dire n’importe quoi ! ‘On nous prend pour des poissons et des poissons, ça ne vote pas !’ Égalité (un autre haïtien avec qui je travaille) me racontait que le mariage pauvreté/démocratie est impossible, les gens au pouvoir ont l’argent nécessaire pour acheter les votes. Moins t’en achètes, plus le taux de participation est bas…

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