dimanche 8 février 2009

Il est maintenant temps d’être sérieux…


Mon dernier blogue avait un petit côté léger, sympathique. Il ne faudrait toutefois pas oublier qu’on vit en Ayiti, l’un des pays les plus pauvres et des plus désorganisés de la planète.  S’il est impossible d’analyser simplement la très grande complexité des facteurs associés à cette réalité, il faut au moins se questionner sur la gouvernance de la Perle des Antilles…  Actuellement, les rues sont pleines de manifestants.  L’organisation des élections sénatoriales (avril prochain) génère des montées-de-lait auprès de plusieurs groupes, les partisans du parti Fanmi Lavalas entre autres (le parti d’Aristide).  Si pour les uns, la Commission électorale provisoire est responsable du fait que des groupes s’époumonent sur la place publique et augmentent une instabilité continue, pour les autres, il ya toujours du monde qui ont intérêt à ce que le bordel soit maintenu, élection ou pas.   Outres ces partisans en furie, 4000 à 5000 professeurs des écoles publiques sont actuellement en grève à cause d’un arriérage salarial de … (vous êtes bien assis ?) de deux à trois ans !  Rien que ça.  Tu travailles tous les jours depuis deux ans et ton boss te dit ‘oui oui, tu vas être payé demain.’  Un ex-ministre de l’éducation a créé, il y quatre ans, un réseau d’écoles publiques afin de permettre aux enfants vivants dans les régions plus éloignées et aux enfants les plus défavorisés des grands centres, d’avoir accès à l’éducation. Dans ce beau pays, un seul ministère gère et possède du cash, le Ministère de l’économie et des finances. Il est le seul à pouvoir fournir la lettre de nomination qui confirme ton statut d’employés de l’État peu importe le ministère à l’intérieur duquel tu travailles.  Si tu n’es pas sur sa liste, tu ne reçois pas de chèque.  Le Ministre de l’éducation de l’époque et ceux qui l’ont suivi n’ont donc jamais été en mesure de faire valider leur politique d’éducation auprès du ministère du cash, personne n’a reçu sa lettre de nomination ni un rond depuis au moins deux ans.  Selon des documents qui circulent dans les mains des coopérants canadiens, l’arriérage salarial correspondrait à 911 millions de gourdes (près de 23 millions de dollars américains). Pour faciliter  les choses, il est important de noter que 90% du budget de l’éducation est lié à l’aide étrangère (en santé, la dépendance atteint 98% !).  La première ministre actuelle, son ministre de l’éducation et son ministre de l’économie ont donc un gros problème sur les bras : trouver du cash pour rembourser les professeurs lésés depuis plus de deux ans et assurer pour l’avenir le financement des politiques d’éducation du pays.  Où trouveront-ils cet argent pensez-vous ?

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