samedi 29 novembre 2008

Petit voyage en tortue


J’arrive de passer une journée à Jérémie dans la région de Grand’Anse, la région la plus au sud du pays. 45 minutes de vol de PAP (Port-au-Prince). Il y avait devant nous une affichette écrite en portugais nous interdisant de fumer. Après dix minutes dans les airs, j’ai compris que la santé publique n’était pas responsable du contenu de cette prescription, mais plutôt la sécurité civile. Une seule allumette dans l’avion et c’était terminé. J’ai failli ouvrir une fenêtre ! La compagnie d’avion s’appelle Tortug’Air. Une très bonne ligne aérienne régionale d’Haïti qui fait, à très bon prix, les régions du pays deux ou trois fois par jour. On peut même partir pour les îles voisines (la Guadeloupe ou Cuba par exemple). Déjà demain, je reprends l’avion pour le Cap-Haïtien, la région la plus au nord du pays. Ici, au plan géographique, le nord et le sud se côtoient pas mal. Au plan social également. La quantité de blancs (voir le lexique) qui se promènent, casqués en bleu ou non, est très importante. Haïti est le deuxième pays après l’Afghanistan qui reçoit le plus d’aide du Canada. J’ai vu des ONG américaines, taïwanaises, brésiliennes et françaises en un peu plus d’une semaine. La population haïtienne commence à être impatiente de voir les blancs quitter, surtout la Minustah, la force internationale de maintien de la paix. Des soldats et des policiers de plusieurs pays. On croise souvent des montréalais (mais pas encore de drapeau du Canadien sur les camions blancs des nations unies, en mai peut-être), dans les rues de PAP. Nos voisins sont quatre policiers russes présents ici pour un an. Ils sont fort sympathiques, j’ai déjà reçu plusieurs propositions pour goûter leur vodka. Face à la pression populaire (il y aura des élections sénatoriales au printemps), le président a ouvert la porte à un retrait de la Minustah au cours des prochains mois. Le ‘contrat’ de la force internationale se termine normalement vers la fin 2009 et la population aimerait bien ne pas le voir se renouveler. La classe riche, qui profite allégrement des dollars américains apportés par la Minustah, ne souhaite évidemment pas son départ. Outre les dommages collatéraux de la présence de la Minustah sur les prix à la consommation pour la population haïtienne (comme la présence des autres ONG), la force internationale a quand même réussi à diminuer la violence dans le pays. Que se passera-t-il si les bleu-casqués quittent l’île ? Plusieurs personnes plus expérimentées que nous dans ‘l’international’ estiment que le gouvernement haïtien ne sera jamais assez fort pour maintenir la paix sociale. Un beau bourbier !

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